Un mouvement né de luttes de mal logé·es à Paris contre la spéculation et les taudis
Dans les années 1980, les quartiers Est de Paris, encore populaires, étaient alors soumis à une pression spéculative féroce, conséquence des politiques d’urbanisme et du logement de Jacques Chirac allié des milieux de l’immobilier qui l’avaient aidé à accéder à Matignon. Maire de Paris et Premier ministre en 1986, Chirac avait lancé « la reconquête de l’Est parisien », plan d’urbanisme destiné sans ambiguïté à évincer les classes populaires et les migrant·es. Il avait aussi sacrifié les protections des locataires en mettant fin à la loi de 1948 et ouvert généreusement les portes des banques nationalisées à une nuée de « marchands de biens », acteurs de la spéculation. Ce cocktail va nourrir la spéculation, l’enrichissement rapide de futurs milliardaires et gonfler une bulle immobilière, notamment à Paris jusqu’à son éclatement à la fin des années 1990.
Une série de 4 incendies criminels dans le 20e arrondissement à l’automne 1986 tue près de 30 personnes, y compris des enfants. Ces crimes lancent alors une mobilisation pour le relogement des sinistré·es via des réquisitions, envahissements et campements. En 1987 est alors créé le Comité des Mal Logés (CML). Manifestations, envahissements, réquisitions d’immeubles HLM vides s’enchaînent… Le CML menace la politique municipale de Chirac et son équipe qui obtiennent l’expulsion des deux réquisitions phares : celle du 67 rue des Vignoles, occupé depuis octobre 1986 par les sinistré·es d’un hôtel meublé avec des militant·es squatters, et celle du 92 rue de la Fontaine au Roi, immeuble HLM neuf de l’Organisme d’habitations à loyer modéré (OPAC) de Paris investit au nez et à la barbe de la mairie en 1989.
Le 2 mai 1990, les CRS expulsent les 48 familles. Refusant les hôtels elles installent alors place de la Réunion. Cinq mois plus tard, le campement est démonté, la dernière famille expulsée est relogée, après des manifestations, la répression policière, la calomnie, quelques provocations et de très nombreux soutiens, dont l’Abbé Pierre et Albert Jacquard, qui soutiendront activement DAL jusqu’à leur disparition.
La naissance de Droit Au Logement
DAL est créé dans la foulée de ces évènements, avec les délégué·es des expulsé·es et des militant·es du campement, pour organiser la lutte des mal logé·es pour un logement décent, et être en mesure de gagner des relogements.
Nos mots…
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Auteur: Droit Au Logement