Pourquoi les flics sont-ils tous des bâtards ?

L’époque dans laquelle nous vivons a ceci de particulier que plus personne, ou presque, n’y croit. On ne croit plus au pouvoir, on le subit, on ne croit plus au gouvernement, on le tolère faute de mieux et parce qu’il nous faut bien survivre. Face à cette profonde vague de discrédit et à ce sentiment diffus d’humiliation, le capitalisme n’a plus d’autre choix que d’assumer la violence qui le fonde et donc la brutalité de ses forces de l’ordre . Des Gilets Jaunes au mouvement George Floyd, de la gestion quotidienne des quartiers populaires à l’intensification des moyens de surveillance technologique, la police s’impose désormais comme l’ultime rempart à même de protéger ceux qui nous gouvernent.

On ne s’étonne donc pas que le Beauvau de la sécurité, convoqué suite à la multiplication des scandales de violences policières ait débouché sur une enveloppe de 1,5 milliard d’euros, la gratuité des trains pour les policiers armés et le doublement de leurs effectifs sur le terrain. La latitude garantie aux forces de l’ordre et à leurs syndicats semble proportionnelle à la détestation populaire qu’ils ne manquent pas de générer. C’est dans ce contexte que paraît Défaire la police aux éditions Divergences. Dans cet ouvrage, chercheurs, écrivains, philosophes et historiens proposent de penser la police : d’où vient-elle ? À quoi sert-elle ? Qui sert-elle ? Et comment s’en débarrasser ? Nous en publions ici un extrait, en l’occurrence l’article de Serge Quadruppani et Jérôme Floch qui introduit l’ouvrage et tente de poser les bases d’une critique sereine et raisonnable des forces de l’ordre et du monde qu’elles défendent.

Pourquoi les flics sont-ils tous des bâtards ?

De Hong Kong à Buenos Aires, des stades égyptiens aux manifestations françaises, somptueusement graphé sur les murs de Santiago comme sur les wagons des trains britanniques, en pochoir à Tunis ou au feutre dans un chiotte du 9-3, bombé à Minneapolis et visible jusque sur un passage piéton turinois judicieusement transformé pour en épeler les lettres, indubitablement le mot d’ordre qui de très loin dépasse en popularité et en universalité n’importe quelle expression d’amour pour la patrie, n’importe quel slogan publicitaire, c’est celui qui proclame que tous les flics sont des bâtards. Le hashtag #ACAB accompagne plus de 2,2 millions de publications sur le réseau social Instagram. 

 

Pour saisir les raisons de cette popularité, peut-être faudrait-il s’attarder…

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Auteur: lundimatin