Où en est, et où va, le mouvement initiée en France le 19 janvier dernier pour obtenir le retrait d’une énième contre-réforme des retraites et une victoire sociale contre un président largement haï ? À celles et ceux qui imaginaient un baroud d’honneur syndical incapable de faire obstacle au rouleau-compresseur néolibéral, quelques mois seulement après la réélection de Macron, les travailleurs·ses, les mouvements sociaux et la gauche ont montré que le gouvernement ne pourrait pas compter sur l’apathie généralisée. Ce n’est pas encore la rupture avec l’ordre établi, mais c’est déjà beaucoup. Pour alimenter la réflexion collective, Ugo Palheta interroge dans cet article les potentialités, les limites mais aussi les enjeux immédiats et stratégiques de la lutte en cours.
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Le mouvement qui se déploie en France depuis le 19 janvier est enthousiasmant à bien des égards. En à peine deux mois, il a profondément modifié l’atmosphère politique du pays, fait reculer le défaitisme ambiant, déstabilisé (voire apeuré) les défenseurs zélés de l’ordre social établi et des politiques néolibérales, élargi l’horizon d’attente des millions de personnes qui sont entrées en lutte et, ce faisant, ont commencé à prendre la mesure de leur force. Surtout, cette mobilisation a accentué la crise d’hégémonie qui s’approfondit en France depuis des années, en faisant notamment apparaître à quel point le pouvoir macroniste est isolé socialement. Elle a cristallisé les mécontentements sociaux qui ne trouvaient pas nécessairement les voies pour s’exprimer politiquement, et transformé en rage légitime la défiance généralisée d’une grande partie de la population – en particulier de la classe travailleuse et de la jeunesse – vis-à-vis de Macron et de son gouvernement.
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Dès lors, l’enjeu n’est plus seulement la contre-réforme des retraites. Il n’est plus simplement « social », au sens restrictif de syndical. Il est éminemment et pleinement politique : dès lors qu’il devient national, prend une large ampleur sociale et s’ancre durablement, le mouvement s’affirme comme une confrontation non avec tel ou tel capitaliste (comme dans le cas d’une lutte contre des licenciements ou suppressions d’emploi dans une entreprise), non avec telle ou telle mesure sectorielle (aussi importante soit-elle), mais avec l’ensemble de la classe bourgeoise telle qu’elle est représentée (et défendue) par le pouvoir politique. À ce titre, un tel mouvement est à même…
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Auteur: redaction