126 incinérateurs de déchets en France : la mégapollution

Vous lisez la deuxième partie de l’enquête : Brûlés, enfouis, recyclés… Que faire des déchets ? La première est ici et la troisième sera publiée dès demain.


Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), reportage

Un panache de fumée blanche s’échappe d’une cheminée géante au-dessus d’un mastodonte de tôle, de tuyaux et de préfabriqués imbriqués les uns dans les autres. Dernier témoin d’une terre industrielle dans la proche banlieue de la capitale française. En arrière-plan, les premiers immeubles du 13e arrondissement de Paris se dessinent. Ajoutez quelques gigantesques panneaux publicitaires et des néons bleus et vous voilà avec un décor digne du film de science-fiction Blade runner.

Bienvenue à Ivry-sur-Seine, au pied du plus gros incinérateur d’Europe — ou UVE, pour « unité de valorisation énergétique ». Chaque année, ce géant de métal brûle jusqu’à 700 000 tonnes de déchets provenant de quatre-vingt-deux communes d’Île-de-France, produits par la moitié de la population de la région. L’énergie générée par la combustion permet de produire de l’électricité et de la vapeur, utilisée ensuite pour fournir du chauffage à 100 000 logements en Île-de-France, vante le Syctom, syndicat de traitement des ordures ménagères de l’agglomération parisienne, propriétaire du site.

L’usine fait partie des 126 incinérateurs encore en fonctionnement en France. Plusieurs catégories d’incinérateurs existent : la plupart brûlent des déchets non dangereux (c’est le cas de celui d’Ivry), d’autres s’occupent de certains déchets seulement (hospitaliers, boues d’assainissement ou déchets dangereux). Certains valorisent l’énergie produite, d’autres ne le font pas. En tout, les incinérateurs ont brûlé 13 millions de tonnes de déchets ménagers en 2018 selon l’Ademe (+15 % depuis 2000).


Chaque année, ce géant de métal brûle jusqu’à 700 000 tonnes de déchets provenant d’Île-de-France, et émet des fumées toxiques. © Noman Cadoret / Reporterre

La France est l’un des pays européens qui incinèrent le plus les déchets. Les quantités de déchets incinérés ont augmenté depuis les années 2000, mais la tendance est plutôt à la stagnation ces dernières années, grâce à un meilleur tri et un meilleur compostage. Reste que l’Île-de-France est une des régions où on brûle le plus : 80 % des déchets collectés ici sont incinérés. À Ivry, le taux de tri atteint péniblement 14 %.

Les incinérateurs sont exploités à 90 % par les géants du…

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Auteur: Marius Rivière Reporterre