14 000 décès par an liés au chômage : « Ce n'est pas du tout une priorité de l'État »

Basta! : On entend peu parler de la question de la santé des chômeurs en France, est-ce une impression que vous avez également ?

Ce n’est pas un sujet extrêmement répandu dans la communauté scientifique mondiale. Cela étant, en France, on a été particulièrement mal loti comparé, par exemple, aux pays anglo-saxons ou scandinaves, où quelques études ont été menées. En France, c’était un quasi-désert. Il n’y avait presque aucune donnée sur le sujet.

Pierre Meneton

Docteur en biologie et chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Vous avez participé à une première étude en 2015 sur le sujet, puis une deuixème, avec un échantillon de personnes plus grand, publiée en 2023. Quelles en sont les conclusions ?

Nous voulions vérifier si on retrouvait, avec les données françaises, ce qui a été décrit dans d’autres études ailleurs. Et confirmer la surmortalité associée au chômage. Et, effectivement, l’étude de 2015 permet de confirmer qu’en France, comme dans les autres pays, au moins occidentaux, le chômage est relié à une surmortalité très forte – de l’ordre de presque 300 % en France ! C’est considérable pour les tranches d’âge concernées puisque ce sont des gens en âge de travailler, qui ont entre 35 et 65 ans [à âge équivalent, il y a trois fois plus de décès parmi les chômeurs que parmi les non-chômeurs, ndlr].

Les problèmes de santé majeurs occasionnés par le chômage sont des problèmes cardiovasculaires : l’augmentation des problèmes cardiaques et des risques d’accidents vasculaires cérébraux. La fréquence de ces maladies augmente chez les chômeurs comparé aux non-chômeurs.

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Auteur: Emma Bougerol