1973, les comités de grève et l’autogestion des luttes

Les syndicats, les assemblées générales, la grève : est-il possible, avec l’ensemble de ces termes, d’établir une équation parfaite ? C’est ce à quoi veut répondre le débat sur les comités de grève et l’autogestion des luttes en 1973. Et qu’il peut être utile de reprendre. À partir des débats qui traversent alors les syndicalistes, notamment ceux et celles de la CFDT d’avant son recentrage, et les militant.es d’extrême-gauche, Théo Roumier revient sur la façon dont l’autogestion est débattue dans cette période : élément fort d’identité politique dans certaines organisations (CFDT et PSU notamment), elle est discutée de manière plus critique par d’autres acteurs, et s’inscrit dans des débats plus anciens sur la démocratie ouvrière et les conseils ouvriers.

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En 1973 nous sommes cinq ans après Mai 68 et les luttes ouvrières sont incandescentes. Les grèves dures. L’insolence s’est invitée dans le répertoire d’action des grévistes. La démocratie aussi, bousculant les rôles et les assignations traditionnelles des syndicats comme des travailleuses et des travailleurs. Les assemblées générales souveraines sont incontestablement une innovation et un acquis de cette période.

Pour la gauche syndicale et politique la plus marquée par les grèves de mai-juin, elles sont au centre d’un important débat stratégique : comment articuler autogestion des luttes et projet de transformation sociale ? L’enjeu – loin d’être théorique à l’époque – tient à la place que prennent les travailleuses et les travailleurs elles et eux-mêmes dans le passage au socialisme. L’expérience chilienne du gouvernement d’Unité populaire (1970-1973) et suivie de près et alimente les discussions comme les confrontations à ce sujet. D’autant plus depuis la signature du Programme commun PS-PC en 1972, qui rend crédible la perspective d’un gouvernement d’Union de la gauche en France.

Ce débat va être au cœur du congrès de la CFDT qui se tient à Nantes des 30 mai au 3 juin 1973, affirmant, par une déclaration d’intention qui lui est pleinement liée, vouloir « Vivre demain dans nos luttes aujourd’hui ». 1700 délégué-es y représentent près d’un million de syndiqué-es, plus du double qu’en 1967.

Un espace ouvert pour l’autogestion socialiste

La CFDT est à cette époque une organisation syndicale en pointe dans les luttes de classe. Elle a adopté lors de son congrès précédent de 1970 une orientation, celle du « socialisme autogestionnaire », qui doit…

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Auteur: redaction