C’est en farfouillant, sans vraiment chercher, de liens en liens, par effet de sérendipité, que je suis tombé sur cette page du CERN qui archive ce que l’on considère comme le Woodstock du web (les drogues, la musique et la boue en moins) : la première conférence internationale sur le World Wide Web.
Nous sommes alors en Mai 1994, Tim Berners Lee s’apprête à quitter le CERN pour rejoindre le MIT et y fonder le Consortium W3C. Le web a été « inventé » en 1989 mais il n’est dans le domaine public que depuis Avril 1993. Durant l’année 1994 le web va passer de moins de 500 serveurs à, fin 1994, « plus de 10 000 serveurs, dont 2000 à usage commercial, et 10 millions d’utilisateurs« . Google naîtra 4 ans plus tard (en 1998) et le petit Mark Zuckerberg n’est alors âgé que de 10 ans.
Parmi d’autres conférenciers « historiques », Tim Berners Lee et son débit si particulier s’avance alors pour rétroprojeter à l’ancienne (powerpoint et les vidéoprojecteurs ne sont pas encore la norme) une série de fiches pour une conférence d’une trentaine de minutes intitulée : « The Future Of The Web ». Je rappelle que nous sommes alors en 1994 et que l’essentiel de ce qui est aujourd’hui notre expérience du web reste presqu’entièrement à inventer.
Et donc vers la fin de l’intervention de Tim Berners Lee, il y a cette fiche, qu’il présente d’ailleurs comme « la seule non technique » de son intervention.
De fait elle est absolument essentielle et dit à peu près tout de l’évolution du web jusqu’à aujourd’hui.
Le titre est à lui seul programmatique : « Une constitution pour le web ? » 27 ans plus tard ce sont les CGU des plateformes (que Tim Berners Lee appelle des « jardins fermés ») qui en tiendront lieu.
Tim Berners Lee commence par commenter les deux points centraux, rappelant notamment que les problèmes de copyright vont être déterminants (« legal issues« ). Il pose ensuite une question fondamentale qui deviendra le coeur de l’économie du web :
« Quelle est la relation entre les protocoles qui vous permettent (par exemple) d’acheter quelque chose et les aspects légaux ? Et qui va l’établir ? »
Dans mon article d’hier, je vous parlais des NFT, qui adressent précisément cette question toujours fondamentale. Des rudiments du paiement en ligne à la certification par Blockchain, « la relation entre les protocoles et les aspects légaux » a constamment accompagné l’histoire du web.
Tim Berners Lee s’interroge également sur l’endroit où placer ces protocoles dans l’architecture technique du web. A l’époque il rappelle qu’ils sont placés…
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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid