2022, le bon cru du cinéma d’auteur français

Si, dans les salles grand public, un certain kitsch cinématographique français s’est fait écraser par le kitsch américain, le cinéma hexagonal d’art et essai a montré une créativité tout à fait notable l’an passé. Tour d’horizon critique d’un cinéma qui avait peu à vendre et beaucoup à transmettre. 

Absent du top 10 au box office 2022, le cinéma populaire à la française semble laminé par le Covid et surtout par la puissance de feu des productions hollywoodiennes. Jamais ces films yankees tapageurs et numériques, produits à la chaîne et joués d’une façon quasi robotique, n’ont semblé mieux adaptés à une époque d’ultra-consommation de l’image. Hollywood règne dans les multiplexes et triomphe tout autant sur les plateformes SVOD taillées pour ses propres séries. 

« La caméra est l’instrument d’auteurs singuliers et la salle de cinéma demeure le lieu de transmission de leurs idées et de leurs visions. Or, dans ce domaine des arts et essais, le cinéma français a montré l’an dernier une vitalité tout à fait réjouissante.« 

Une fois ce constat établi, il n’est pas inutile de rappeler que l’image en mouvement ne se réduit pas à une production industrielle de prêt-à-consommer ni à une charmeuse pop-culture mainstream. La caméra est l’instrument d’auteurs singuliers et la salle de cinéma demeure le lieu de transmission de leurs idées et de leurs visions. Or, dans ce domaine des arts et essais, le cinéma français a montré l’an dernier une vitalité tout à fait réjouissante. Nous parlons bien de vitalité artistique, pour des films propres à sonder rêves et réalités, errements et fantasmes. Voici un panorama encourageant de ces œuvres portées par tout un écosystème de producteurs et de distributeurs indépendants.

Générations désenchantées

Il a fallu cinq ans à Vincent Le Port pour écrire Bruno Reidal, l’histoire vraie d’un jeune séminariste d’extraction paysanne, qui s’accuse d’un crime sauvage dans le Cantal de 1905. Le comédien Dimitri Doré donne toute son intensité à un garçon pulsionnel qui devient, au détour d’un chemin forestier, un meurtrier impulsif. Il est difficile de ne pas se sentir déstabilisé par Bruno Reidal, cet apprenti prêtre dont l’âme, telle une crypte gothique, semble constituée d’un complexe jeu d’ombres et de lumières. Cette intériorité est d’autant moins impénétrable que Reidal lui-même en fournit les clefs, ce qui n’est pas le détail le moins troublant de…

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Auteur: Pierre Bonnay