Bakari a 19 ans, il habite chez ses parents avec sa petite sœur et son petit frère, dans le 12e arrondissement de Paris. Depuis plusieurs années, il n’ouvre plus le courrier qui lui est destiné. Il conserve des dizaines d’enveloppes fermées, à son nom, ornées du logo de la République française. Il en connaît déjà le contenu : ce sont des amendes, et il n’a pas les moyens de les payer. La dernière fois qu’il a regardé, sa dette s’élevait autour des 30 000 euros. « J’ai arrêté de compter », confesse le jeune homme.
« Je suis un peu comme tout le monde ici, j’ai des amendes de ouf. » Pour lui comme pour ses amis, les verbalisations font partie du quotidien. Il a commencé à en recevoir quand il avait 12 ou 13 ans, il ne se rappelle plus très bien. « Ça fait cinq ans qu’ils commencent à m’en mettre sérieusement, qu’ils ont commencé à m’allumer, se rappelle-t-il. Pendant une période, je pouvais recevoir trois ou quatre amendes par semaine, voire plus. »
Les montants s’additionnent, les majorations s’y ajoutent… Les dettes gonflent. Dans le quartier parisien Rozanoff, Bakari est loin d’être le seul dans ce cas. « Les multiverbaliséécrit la chercheuse Aline Daillère dans un article pour la revue Délibérée.
es, très majoritairement de jeunes hommes racisés âgés de 13 à 25 ans et résidents ou usagers de quartiers populaires, ont en commun de recevoir un grand nombre d’amendes forfaitaires »,Des mineurs avec des dettes de 30 000 euros
« Quand ils me mettent une amende, je ne sais même pas pour quoi, soupire Bakari. « C’est la surprise », ils disent. » Souvent, explique-t-il, ça commence par un contrôle de police. Les forces de l’ordre relèvent son identité, et lui distribuent une amende. Bakari se souvient qu’une fois, alors qu’il était assis dehors avec ses amis, la police est venue leur demander de nettoyer les alentours, « comme…
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Auteur: Emma Bougerol