Cela fait 30 ans qu’un génocide a ravagé la société rwandaise, faisant près d’un million de morts parmi les Tutsis et les Hutus non extrémistes.
Chaque année, au début du mois d’avril, le pays entre dans une période de commémoration de 100 jours au cours de laquelle les Rwandais sont invités à se souvenir et à réfléchir aux divisions historiques entre les principaux groupes ethniques du pays : Tutsi, Hutu et Twa. Ces commémorations sont placées sous la bannière de Ndi Umunyarwanda, que l’on peut traduire par “Je suis Rwandais”.
Cette idéologie unifiée post-génocide suit l’interprétation du Front patriotique rwandais au pouvoir de l’histoire du pays. Elle considère les Tutsis, les Hutus et les Twas comme une forme de division socio-économique plutôt que comme des différences ethniques.
Certains universitaires occidentaux, tels que Filip Reyntjens, Alison Des Forges et Catharine Newbury, rejettent cette interprétation de l’histoire. Ils affirment que l’ethnicité a toujours été un aspect important de la société rwandaise et qu’elle n’est pas une construction coloniale.
À mon avis, sur la base de 16 années de recherche sur le Rwanda et ses politiques publiques après le génocide, ils passent à côté d’un aspect essentiel de la raison d’être de Ndi Umunyarwanda. Il a été conçu comme un mécanisme permettant au pays de tourner la page sur ses divisions passées et d’éviter que le génocide ne se répète.
Au cours de mon récent travail de terrain au Rwanda (de décembre 2022 à mars 2023 et d’août à septembre 2023), j’ai accordé une attention particulière à la question de savoir si le Ndi Umunyarwanda s’était imposé à la nouvelle génération d’habitants de Kigali. J’ai assisté à de multiples réunions sociales avec la classe moyenne grandissante de Kigali de Rwandais âgés de 24 à 35 ans.
Au cours des conversations avec 50 membres de la génération Y et de la génération Z, il est apparu…
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Auteur: Jonathan Beloff, Postdoctoral Research Associate, King’s College London