4 questions aux algorithmes (et à ceux qui les font, et à ce que nous en faisons)

1. Les moteurs de recherche nous rendent-ils idiots ?

En 2008, le moteur de recherche Google vient de fêter ses 10 ans et Nicholas Carr publie dans The Atlantic, un texte qui va faire le tour des internets en quelques heures et pour quelques années : « Is Google Making Us Stupid ? » (traduction française disponible grâce à Penguin, Olivier et Don Rico sur le Framablog) Il y défend la thèse selon laquelle une « pensée profonde » nécessite une capacité de lecture et d’attention également « profondes », que Google et le fonctionnement du web rendraient impossibles à force de fragmentation et de liens nous invitant à cliquer en permanence. 

Depuis presque 15 ans, la thèse de Nicholas Carr continue périodiquement à revenir sur le devant de la scène médiatique. Je passe sur les écrits affirmant que les « écrans » seraient la source de tous nos maux, mais pour le grand public, je renvoie notamment aux derniers ouvrages de Bruno Patino (« La civilisation du poisson rouge ») qui ne font que recycler en permanence les idées de Nicholas Carr en les ‘affinant’ à l’aune de ce que les réseaux sociaux font ou feraient à nos capacités attentionnelles ainsi qu’au débat public. 

La littérature scientifique sur ces sujets est bien plus circonspecte et nuancée que la focale médiatique ne pourrait le laisser croire. Le seul consensus scientifique éclairé se fait autour des risques d’une exposition précoce et excessive. Pour le reste … les écrans ne sont « que » des écrans, les outils ne sont « que » des outils, et il n’est pas plus dangereux au 21ème siècle de laisser un enfant toute la journée devant Tik-Tok qu’il ne l’était de le laisser un enfant toute la journée devant la télé au 20ème siècle. Dans ce siècle comme dans le précédent, à de rares exceptions près, chacun s’accorde d’ailleurs sur le fait qu’il ne faut pas laisser un enfant toute la journée devant TikTok ou devant la télé. Encore faut-il qu’il ait la possibilité de faire autre chose, encore faut-il que la société laisse aux parents le temps de faire autre chose avec lui, encore faut-il qu’ils aient les moyens financiers et les infrastructures culturelles et éducatives à portée de transport (public) pour pouvoir et savoir faire autre chose, encore faut-il qu’une éducation aux écrans puisse être bâtie en cohérence de l’école primaire au lycée. A chaque fois que l’on tient un discours culpabilisant ou même parfois criminogène sur « le numérique » ou « les écrans« , on oublie de s’interroger sur la faillite d’une politique éducative, sociale et…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid