49.3, motion de censure, réquisitions : à la télé, la normalisation des violences policières

Nasses, arrestations arbitraires, charges, gaz lacrymogènes, coups de matraque, entraves sur les journalistes et reporters… : les images de la répression policière se multiplient sur les réseaux sociaux… Diffusées aussi à la télé pour une partie d’entre elles, elles ne sont, en revanche, pas présentées pour ce qu’elles sont : des violences policières. En lieu et place, le journalisme de préfecture donne une nouvelle fois toute sa mesure.

Les jeudi 16, vendredi 17, samedi 18, dimanche 19 et lundi 20 mars, de nombreuses opérations de blocage et manifestations « spontanées » ont eu lieu en France (Paris, Lyon, Nantes, Marseille, Rennes, Strasbourg, Brest, Lille, Dijon, etc.), en réaction à l’adoption du 49.3 par le gouvernement pour imposer la contre-réforme des retraites (16/03) et au rejet de la motion de censure (20/03). Si ces mobilisations ont été en partie couvertes, notamment sur les chaînes d’information en continu, les violences policières qui s’y sont déchaînées (voir en annexe) firent une nouvelle fois l’objet d’un traitement au rabais… pour ne pas dire d’un non traitement.

Sur BFM-TV, les images de la répression servent de décorum : diffusés en arrière-plan de débats en plateau, les directs des reporters captent parfois des violences policières, qui ne sont la plupart du temps ni relevées, ni questionnées, ni a fortiori critiquées. Le déphasage médiatique est à son point culminant : imperturbables, les professionnels du commentaire discutent sondages, stratégies politiques et péripéties parlementaires, sur fond de manifestations réprimées et s’interrompent, très ponctuellement, pour entendre un « consultant sécurité » ou un journaliste de terrain… Aussi, peu avant 23h le 18 mars, lorsqu’un journaliste de la chaîne interroge des manifestants interpellés puis relâchés sans poursuite, cela dénote. Un traitement bienvenu, qui n’en demeurait pas moins l’exception à la règle (éditoriale) de la chaîne d’information en continu : montrer des images de violences policières – comme par « accident » tant beaucoup furent passées sous silence –, sans les nommer, ni même les traiter comme une information à part entière. Une démarche qui équivaut à les normaliser ? Mais signalons un changement de ton à compter du 21 mars, avec notamment les chroniques « Retraites : des arrestations violentes de manifestants dénoncées dans des vidéos sur les réseaux sociaux » et « Y’a-t-il un problème de maintien de l’ordre lors des…

La suite est à lire sur: www.acrimed.org
Auteur: Maxime Friot, Pauline Perrenot Acrimed