5G : « Le sabotage a toujours fait partie des luttes sociales et écologiques »

[2/3 Antennes 5G sabotées, l’enquête] Reporterre a rencontré un saboteur et deux saboteuses d’antennes-relais. Elles expliquent leur geste et souhaitent, à travers cet entretien, ouvrir un débat autour de cette pratique dans les luttes écologistes. Demain, la suite de notre enquête sur les destructions d’infrastructures de télécommunication et l’opposition au déploiement de la 5G.


Reporterre — Qu’est-ce qui vous a amenées à saboter des antennes-relais ?

Margot — C’est d’abord quelque chose de viscéral, une révolte profonde et instinctive. Depuis quelques années, et avec le confinement, la transition numérique s’est accélérée. Nous passons de plus en plus notre vie derrière les écrans et le monde physique nous est peu à peu confisqué. Les antennes-relais tissent la toile d’une prison de fibre et d’ondes. C’est une rupture anthropologique majeure. Il y a une forme de dégoût à voir la 5G se déployer au mépris des populations, de constater l’impact de cette transition numérique sur le territoire, sur notre quotidien et notre intimité. Le pire, c’est surtout son hypocrisie. On nous vante les joies d’une société numérique qui en réalité ne fait qu’accentuer l’exploitation, la surveillance et la catastrophe écologique.

Léon — Clairement, la transition numérique est un outil contre-insurrectionnel. C’est une manière pour les gouvernants de répondre à des révoltes qui les avaient déstabilisés dans les années 1960 et 1980. Avec le numérique, on cherche à isoler les gens les uns des autres, on crée plus de dépendance, on renforce l’hétéronomie [dépendance à l’extérieur, par opposition avec l’autonomie] pour asseoir une domination politique et économique toujours plus grande. Les capacités de contrôle, de fichage et de traçage n’ont cessé d’augmenter. En parallèle, l’espace des possibles s’est refermé. Dans les cages du numérique, un changement de société devient de plus en plus difficile et l’espoir d’une vie plus juste s’évapore.

Pascaline — On manque aussi de prises pour s’attaquer à cette mégamachine et pour desserrer son emprise. On peut toujours multiplier les microrésistances individuelles — ne pas avoir de smartphone, refuser les compteurs Linky, préférer les guichets humains aux caisses automatiques, ne pas pointer son QR code — mais cela reste malheureusement limité. Face à l’accélération du numérique, nous pensons qu’il faut accroître le rapport de force. Le sabotage d’antennes-relais est un choix…

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Auteur: Reporterre