5G : vague de soutien au navigateur Eugène Riguidel en grève de la faim à 80 ans

Landaul (Morbihan), reportage

Au bord de la D19 qui relie Landaul à Crac’h, fermée ce jeudi 15 avril à la circulation, une petite caravane blanche bardée de pancartes sert de point de ralliement. Au quatrième jour de sa grève de la faim, Eugène Riguidel, 80 ans, casquette de marin vissée sur la tête, reçoit là sans façon les encouragements. « Franchement, pour le moment ça se passe bien. Je bois de l’eau et c’est tout. Une tisane ou deux, parce qu’il faut que je boive chaud de temps en temps paraît-il », souligne celui qui réside à Landaul, une commune située à trente minutes de Vannes.

Le navigateur, né en 1940, est tout de même suivi par « un toubib », récemment venu prendre sa tension. Autour de lui flottent pêle-mêle des « Gwenn ha du » (le drapeau breton) de tous les formats, de nombreux drapeaux Europe Écologie-Les Verts (EELV), de l’Union démocratique bretonne (UDB, gauche régionaliste, alliée d’EELV pour les régionales), ainsi que des étendards insoumis et quelques sabliers noirs d’Extinction Rebellion.

Vainqueur de la transat 1979, ce skipper libertaire, dans la lignée de Bernard Moitessier, a abandonné dans les années 1980 la compétition nautique, lassé de la course au sponsoring qu’impose le sport de haut niveau. Écologiste revendiqué, militant antinucléaire actif, Eugène Riguidel est un ami et un admirateur de José Bové, avec qui il navigue à l’occasion.

Eugène Riguidel, 80 ans.

Comme le faucheur d’OGM, le marin a déjà mis en pratique la désobéissance civile. En 2004, il passe ainsi une nuit en garde à vue après être entré avec son voilier de 5,5 mètres, « La Rieuse », dans la zone militaire de Cherbourg pour s’opposer à l’importation de plutonium vers l’usine de La Hague. À 80 ans, il continue aujourd’hui à défendre ses convictions avec ardeur, apportant son soutien à Sea Shepherd ou s’engageant plus récemment dans la défense de l’île Berder, un magnifique îlot du golfe du Morbihan menacé par l’installation d’un hôtel de luxe.

L’antenne du « trou du diable »

En janvier 2020, Eugène Riguidel et son épouse Brigitte apprennent par hasard qu’une antenne-relais de 36 mètres de haut va être installée par l’opérateur Orange à proximité immédiate de chez eux, au lieu-dit du « trou du diable ».

« On s’est tout de suite mobilisés et on a créé un collectif », raconte Brigitte, très impliquée dans la lutte contre le projet. Après l’échec d’un recours gracieux auprès de la mairie, ils renoncent…

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Auteur: Elsa Gautier Reporterre