64 ans plus tard… Cuba et la colère du dieu de l'enclos. — Hernando CALVO OSPINA

Pourquoi l’État cubain n’accepte-t-il pas ce que les États-Unis lui demandent pour qu’ils laissent l’île tranquille et lèvent le blocus ? Pourquoi cette révolution persiste-t-elle à aller à contre-courant de l’empire le plus puissant qui ait jamais existé sur terre, si cela lui a valu tant de problèmes économiques et sociaux en punition, et qui s’aggravent chaque jour ? Cela vaut-il la peine de s’obstiner autant ? La grande majorité des pays du monde ne veut pas d’impositions américaines. Alors ?

Oui, parfois j’y ai pensé. Mais en réalité ces réflexions ne sont pas de mon fait, bien qu’elles m’aient aidé à imaginer les situations possibles. Plusieurs personnes m’ont posé ces questions aussi naturellement et innocemment que des millions d’autres dans ce monde le font face au « cas » cubain.

Les transnationales reviendraient sûrement sur l’Ile et commenceraient par reconstruire et remettre en fonction beaucoup d’industries obsolètes ou fermées. Cuba se remplirait de touristes gringos qui laisseraient des chewing-gums et des ordures partout, mais aussi beaucoup de dollars, si nécessaires à l’économie. Sur la place de la Révolution, un McDonald’s serait installé, symbole de progrès, de liberté et de viande, les images du Che et de Camilo resteraient car elles attirent les touristes. Fait très important : n’importe qui pourrait installer un chariot et vendre n’importe quoi n’importe où, en signe d’esprit d’entreprise et de libre-échange.

Il est vrai que quelques petites choses pourraient ennuyer ou déranger la grande majorité des Cubains, mais avec l’aide de la propagande médiatique, elles passeraient pour de simples petits détails, nécessaires à la réorganisation et à la modernisation du pays sur le chemin du capitalisme salvateur.

Par exemple, la santé et l’éducation ne seraient plus gratuites, parce que le nouvel État devrait cesser d’être « paternaliste » : celui qui voudrait en bénéficier devrait se battre pour elles et les obtenir, ou qu’il accepte son sort s’il en était incapable.

Par exemple, aussi, les maisons et les bâtiments que les Cubains occupent depuis le début de la révolution devraient être rendus à leurs « anciens propriétaires », ces riches qui ont fui au début de la révolution. Ce sont des babioles indispensables pour le retour des « agents du progrès ».

« Si les moustiques donnaient du fromage », disait mon grand-père. Parce que la fin de la révolution et le retour de Cuba dans le giron étasunien est un…

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Auteur: Hernando CALVO OSPINA Le grand soir