70 heures de garde à vue : « On m'a demandé pourquoi je possédais un livre de recettes végan »

« On m’a quand même accusée d’avoir séquestré un otage et au final, c’était moi qui avais les yeux bandés et qui était menottée dans une voiture. » Mathilde, Dimitri, Paul et Michel ont tous vu les forces de l’ordre débarquer à leur domicile le 8 avril et ont été emmenés les yeux bandés et menottés en garde à vue, loin de chez eux, pendant trois jours.

Cette opération policière a eu lieu dans le cadre d’une enquête confiée à la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la direction nationale de la police judiciaire et à la direction territoriale de la police judiciaire de Rouen (Seine-Maritime) sur une action militante le 10 décembre 2023 sur le site d’une cimenterie Lafarge de l’Eure. Une centaine de personnes avaient pénétré sur le site pendant une dizaine de minutes avec de la peinture et de la mousse expansive (voir les photos de l’action). Cette action s’inscrivait dans le cadre d’une campagne d’actions « contre Lafarge et le monde du béton » initiée par plus de 200 organisations et des comités locaux des Soulèvements de la Terre.

Ce sont des pratiques d’interpellation dans le cadre d’arrestations politiques

Mathilde, Dimitri, Paul et Michel font partie des huit personnes relâchées, leur affaire est classée sans suite. Pour les neuf autres, dont cinq sont sous contrôle judiciaire, un procès aura lieu au tribunal correctionnel d’Évreux le 27 juin prochain. Les chefs d’inculpation sont graves : association de malfaiteurs, séquestration et dégradations, le tout étant aggravé par le fait d’agir en réunion.

« La BRI (brigade de recherche et d’intervention, ndlr) s’est trompée d’adresse et a défoncé la porte d’un appartement voisin vers 6 h du matin, un Airbnb vide… » se souvient Paul. « Aveuglé dans mon lit avec une lumière, ils ont lancé leur bouclier d’intervention sur moi et une voix de femme criait de me retourner. Une clef de bras, les menottes et un…

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Auteur: Guy Pichard