Misy-sur-Yonne (Seine-et-Marne), reportage
Sur une pelouse au cordeau, jaunie par le soleil, des tables ont été rassemblées sous l’ombre providentielle de chênes centenaires. Autour d’elles, une fourmilière d’influenceurs en pleine colonie écolo. Ils ont entre 18 et 35 ans, cumulent des millions de vues en parlant maquillage, voyages, vêtements, sport ou recettes de pâtes au fromage de chèvre. Certains fomentent des blagues ou prodiguent des conseils feel-good (pour « bien se sentir ») à une communauté acquise.
Ces 70 jeunes venus des quatre coins d’Instagram, de YouTube et de TikTok ont vécu, du 1er au 3 juillet, une « expérience transformative » en pleine canicule : ils ont parlé biodiversité, climat, sobriété (si, si) dans le château de Misy-sur-Yonne (Seine-et-Marne). Le choc thermique ne fut pas que météorologique.
À côté d’influenceurs écolos de haute voltige (Girl Go Green, Ta mère nature, Agreencultrice, Planète Boum Boum…), la plupart des participants semblaient assez éloignés de la crise écologique. A priori, l’influenceur — on dit plutôt créateur de contenus — est un oxymore comme seule l’époque peut en créer : peut-on décarboner son feed en débranchant sa ring light ? Parler mode et fond de teint quand la planète entière part en quenouille ? Faire rêver sur l’autre bout du monde en se fichant de son bilan carbone ? Et, cerise sur le post Insta, peut-on réellement conserver sa communauté de centaines de milliers, voire millions de followers, en verdissant ses positions ?
« La transformation vient de l’intérieur »
C’est pour tenter de répondre à toutes ces questions qu’a été organisé le Déclic Festival par l’association On est prêt, avec l’appui de We make sense. Un programme conçu autour du triptyque tête-cœur-corps : des conférences thématiques par des pointures (Christophe Cassou, Marc-André Sélosse, Francis Hallé, Heïdi…
Auteur: Laure Noualhat