80 % de bacheliers par génération : un objectif atteint mais une démocratisation « ségrégative » ?

Si la grande majorité des lycéens décroche aujourd’hui le bac, cette démocratisation scolaire va de pair avec de nouvelles inégalités dans les choix de filières et de poursuites d’études.


Il y a tout juste 40 ans, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Éducation nationale, fixait le cap de mener 80 % d’une classe d’âge au bac. Aujourd’hui, cet objectif est atteint, et même dépassé, ce qui a mécaniquement entraîné une démocratisation de l’enseignement supérieur.

Sur la même période, en effet, les effectifs inscrits dans l’enseignement supérieur sont passés d’un peu plus d’un million à trois millions. Ce formidable mouvement d’ouverture d’un espace longtemps resté l’apanage des classes dominantes s’explique par un certain nombre de politiques volontaristes. Ainsi se sont développées de petites et moyennes universités dans les années 1960, puis les sections de techniciens supérieurs (STS) et les instituts universitaires de technologie (IUT) qui accueillent aujourd’hui un cinquième des étudiants, l’université en accueillant un sur deux.

Ces chiffres ne sont toutefois pas uniquement dus aux politiques, ils tiennent aussi à la hausse du niveau des aspirations de la population qu’on ne saurait limiter à une seule logique d’emploi.

Qu’il s’agisse d’un signe de distinction sociale comme le sont les grandes écoles internationales pour les familles des classes privilégiées ou de « l’arme des faibles » propres aux familles ouvrières, les aspirations d’études supérieures s’inscrivent aussi dans la perspective longue de l’histoire du marché de l’emploi, des classes sociales et des familles.

La filière professionnelle a élargi l’accès au bac

Observée dans le détail, cette démocratisation révèle malgré tout des lignes de clivage importantes traduisant en définitive ce que le sociologue Pierre Merle appelle une démocratisation ségrégative….

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Auteur: James Masy, Sociologue et maître de conférences en sciences de l’éducation, Université Rennes 2