82 heures pour sauver l'Office national des forêts

Paris, reportage

« Lou, Jean-Alain, Thierry, Claudio, Violette, Nadine, Ginette, Brad… Pitt — c’est pour vérifier que les gens écoutent ! » Perché sur une petite estrade installée devant une rangée de tilleuls, Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), déclame depuis plusieurs minutes une liste de noms. À sa droite, les secondes et les minutes défilent sur un énorme chronomètre ; devant lui, on peut lire : 177 602, soit le nombre de personnes ayant signé, à l’instant T, une pétition contre la privatisation de l’Office national des forêts (ONF), gestionnaire de la forêt publique. Ce sont leurs noms que Thomas Brail lit à voix haute — temps de lecture estimé pour rendre hommage à l’ensemble des signataires : 82 heures non-stop.

Nous sommes le 31 octobre, sur l’esplanade des Invalides à Paris, et l’action les 82 heures pour sauver l’ONF, qui dure jusqu’au jeudi 3 novembre, a démarré en début d’après-midi. Ni la date ni le lieu de cette opération, coorganisée par l’association Canopée et le Snupfen Solidaires (syndicat majoritaire de l’ONF), n’ont été choisis au hasard : à 500 mètres de là, l’examen de la seconde partie du projet de loi de finances (PLF) vient de commencer à l’Assemblée nationale.

C’est à cette occasion que sera voté le budget de l’ONF pour 2023, vraisemblablement le 3 novembre — reste à savoir si le gouvernement enclenchera d’ici là un 49.3, qui lui permettrait d’éviter tout débat parlementaire. Ainsi, Canopée et le Snupfen entendent médiatiser, jusqu’à la dernière minute, leur combat contre la destruction de ce service public. Le temps presse pour inverser la tendance : alors que les massifs forestiers n’ont cessé de brûler cet été, 475 suppressions de postes supplémentaires sont prévues à l’ONF d’ici 2025.

« Arriver à une victoire après vingt ans de lutte »

« Depuis vingt ans, l’ONF a perdu 38 % de ses effectifs, alors que la surface de forêts dont doivent s’occuper les gardes forestiers est restée la même, et que les contraintes climatiques sont de plus en plus importantes », dit Bruno Doucet, chargé de campagne forêts françaises chez Canopée. Malgré ce constat accablant, le jeune homme garde espoir : dans le cadre du PLF, soixante amendements concernant l’ONF ont été déposés par des députés issus de tous les partis. Ceux-ci vont de la création de 4 000 équivalents temps plein en 2023, au maintien des effectifs actuels l’année prochaine…

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Auteur: Amélie Quentel Reporterre