À Arcachon, l'absurde déplacement de sable abîme l'écosystème

Bassin d’Arcachon (Gironde), reportage

En cette fin mai ensoleillée, la plage de Pereire accueille déjà quelques plaisanciers, venus profiter de la douceur exceptionnelle. Si le sable n’est pas encore recouvert de serviettes, leur tranquillité est quelque peu perturbée par la présence d’un étrange bateau, à quelques mètres. Surnommée Dragon, il s’agit d’une drague qui aspire le sable dans le fond de l’eau du chenal.

Une façon de dégager l’accès pour les bateliers qui assureront la liaison entre Arcachon et le Cap-Ferret, de l’autre côté du bassin, cet été. Cela s’avère « nécessaire » à la suite de l’ensablement provoqué par la houle pendant l’hiver, explique le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (Siba), présidé par le maire d’Arcachon et chargé de piloter ces travaux d’un coût de 250 000 euros.

Le mélange d’eau et de sable, aspiré à travers un bras articulé (l’élinde), traverse la plage dans un tuyau noir apparent, une conduite de refoulement. De l’autre côté de la jetée, une pelleteuse prélève du sable pour le placer dans des camions. L’un après l’autre, dans un ballet incessant, ils se dirigent plus au nord pour vider leur cargaison. Celle-ci est ensuite répartie avec un tractopelle. 20 000 m3 de sable sont ainsi déplacés depuis la jetée vers la plage du Moulleau (Arcachon), d’avril à juin.

Pour les touristes et professionnels du secteur, c’est la promesse d’une grande plage pendant l’été, même à marée haute. Mais pour Françoise Branger, membre de l’association Bassin d’Arcachon Écologie, c’est un « triste spectacle, une absurdité. Ce sont des engins lourds qui roulent avec d’énormes pneus. La pelleteuse prélève là où le sable est mouillé, où l’on sait qu’il y a de la vie. »

Les travaux de réensablement. © Léa Guedj/Reporterre

Et encore, si cette opération est répétée chaque année, elle est toutefois « plutôt modérée ». En février, ce sont près de 160 000 m3 de sable qui ont été aspirés par l’imposant navire Côtes de Bretagne sur 82 hectares du flanc est du banc de Bernet.. Des travaux à 500 000 euros qui ont lieu tous les deux ans.

L’imposant navire « Côtes de Bretagne » rejetant du sable prélevé. © Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon

« Tout ce qui passe par les turbines est broyé »

Les pieds dans quelques centimètres d’eau sur le banc de Bernet, Françoise Branger observe le forage d’un bernard-l’hermite et le frétillement des petites…

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Auteur: Reporterre