À Aubervilliers, l'« écœurement » après la destruction des jardins ouvriers

Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), reportage

« C’est désolant. » Marion et Albane, la trentaine, ont pris du temps sur leur pause déjeuner pour venir constater le désastre. Quelques heures plus tôt, ce jeudi 2 septembre, les forces de l’ordre ont expulsé les activistes qui défendaient les jardins ouvriers d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Une partie, soit dix-neuf parcelles recouvrant 4 000 m2, va être détruite par les promoteurs de Grand Paris Aménagement (GPA) : l’entreprise a prévu de construire à cet emplacement un solarium, en extension à une nouvelle piscine censée accueillir les Jeux olympiques (JO) de 2024.

Dès 8 heures du matin, les militants ont été arrêtés (deux d’entre eux ont été placés en garde à vue, puis relâchés en début d’après-midi). Une pelleteuse a commencé la destruction méthodique des cabanes construites par les activistes, de leurs récoltes et de la tour qu’ils avaient eux-mêmes érigée. « Ces jardins sont historiques, ils sont là depuis des décennies », se désole Albane. « On ne veut pas d’une ville totalement bétonnée ! » s’emporte sa voisine Marion.

© NnoMan Cadoret/Reporterre

Les deux habitantes sont interrompues par une octogénaire, habitante d’Aubervilliers. « Je vis ici depuis quarante-huit ans et j’ai toujours connu ces jardins. Ça ne sert à rien tout ça », lance-t-elle en désignant le chantier. Un avis partagé par d’autres riverains, quelques mètres plus loin : « Nous, on préfère ces jardins à un solarium, affirme un couple. En plus, les gens du quartier ne viendront pas dans ce genre d’endroit. »

Marion et Albane devant l’entrée principale des jardins à défendre. © NnoMan Cadoret/Reporterre

Un « grignotage » des espaces naturels en Île-de-France

L’utilité d’une piscine, construite sur le parking voisin des jardins, est peu remise en cause : la ville d’Aubervilliers n’en possède qu’une, pour près de 90 000 habitants. C’est bien le solarium qui cristallise le débat. « Les jardins sont un lieu de vie pour les animaux, mais aussi pour les gens, ce sont des lieux de rencontre où ils échangent », dit Wombat, activiste du mouvement Extinction Rebellion.

Le militant dénonce un « grignotage » constant des espaces naturels en Île-de-France, du triangle de Gonesse (Val-d’Oise) en passant par le plateau de Saclay (Essonne). « C’est important d’avoir dans notre région des espaces qui ne soient pas des zones commerciales, où on enlève du vivant au fur et à mesure »,…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre), NnoMan Cadoret Reporterre