Comme à Rouen, Strasbourg, Montpellier, Maubeuge, Arles…, les habitant.e.s d’Avignon se voient imposer un projet routier d’une autre époque : la Liaison Est-Ouest (LEO). Cette 2 x 2 voies d’environ quinze kilomètres relierait le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Gard, en assurant un contournement sud de l’agglomération d’Avignon.
Elle comprendrait au final deux ponts sur la Durance et un troisième sur le Rhône, ainsi que sept échangeurs, le tout pour la coquette somme d’un demi-milliard d’euros. Lancé dans les années 1990 — un protocole d’accord de 2003 entre la DREAL, la région Paca, le département du Vaucluse et celui des Bouches-du-Rhône, et la communauté d’agglomération du Grand Avignon, en témoigne —, le projet a été abandonné en 2010, faute de financements, malgré un premier tronçon construit entre l’échangeur de Courtine nord et Rognonas, incluant la déviation de la RN 570 à Rognonas. Depuis, tout était à l’arrêt.
Jean Castex à la manœuvre
Oui mais voilà, le 5 janvier 2021, le Premier ministre Jean Castex, qui fut secrétaire général de la préfecture du Vaucluse entre 1999 et 2001, a annoncé, dans son discours sur le premier accord régional de relance, le déblocage de 142,7 millions d’euros pour « financer l’aménagement de la liaison Est-Ouest d’Avignon ». Un accord régional inscrit dans un plan de relance qui a pour ambition, rappelons-le, de « préparer la France à l’horizon 2030 », et « s’organise autour de trois axes : la transition écologique, la compétitivité et la cohésion sociale et territoriale ».
L’argument mis en avant par les élus locaux a de quoi faire sourire : il s’agirait de délester la rocade d’Avignon d’une partie de ses automobilistes pour réduire l’exposition des riverain.e.s aux nuisances sonores et à la pollution de l’air. Plusieurs centaines de millions d’euros, donc, pour la santé des populations les plus précaires, celles vivant dans des logements sociaux, à proximité des grandes infrastructures routières. Une belle générosité… Mais, en lisant de plus près les documents de la consultation, on découvre les motifs, un brin plus cyniques et réalistes, qui se cachent derrière ce projet : « La ceinture sud d’Avignon concentre de très forts enjeux de création de logements et de développement de zones d’activités économiques. » Ainsi donc, derrière l’écran de fumée social et sanitaire, se cache un programme de développement économique, en complète contradiction avec…
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Auteur: Reporterre