À bas la presse bourgeoise ! Deux siècles de critique anticapitaliste des médias : un extrait du livre de Dominique Pinsolle

Si la question des médias n’a rien d’anecdotique au moment où François Mitterrand prend ses fonctions à l’Élysée, les mesures prévues par les socialistes ne brillent pas par leur précision. En matière de presse, aucune nouvelle loi anti-concentration n’est prévue. Concernant la radio et la télévision, le PS, contrairement au PCF, n’a jamais élaboré de plan cohérent de réorganisation du secteur après Mai 68. L’action qui sera menée dans l’audiovisuel suit surtout un principe énoncé par le chef du gouvernement, Pierre Mauroy, en Conseil des ministres : « Il n’est pas normal que tous les éditorialistes soient de droite. »

La position des socialistes au pouvoir s’avère finalement très floue, tant pour la télévision que pour la radio. Dans l’urgence, le gouvernement doit clarifier la situation des stations clandestines. En novembre 1981, une loi provisoire précise les conditions permettant aux centaines de radios locales privées d’émettre légalement : être associatives, sans but lucratif, indépendantes, sans publicité et respecter un rayon d’émission de 30 km. Mais la question du financement publicitaire, qui divisait déjà les radios libres, crée des clivages au sein du pouvoir. Plusieurs conseillers à l’Élysée (comme Jacques Attali) y sont favorables, tout comme le ministre de la Communication Georges Fillioud (qui s’y résout avec prudence), tandis que le Premier ministre (Pierre Mauroy) et le ministre de l’Intérieur (Gaston Defferre, par ailleurs patron du journal Le Provençal) y restent hostiles. Le 21 septembre 1981, Mauroy réitère son rejet des « radios fric » sur France Inter.

Cette ligne dure semble encore être à l’ordre du jour pour l’audiovisuel, du moins dans les discours, au cours de la première année d’exercice du pouvoir des socialistes. Le 26 avril 1982, Georges Fillioud assure, en s’adressant aux députés de l’opposition, que rien n’est plus étranger au gouvernement qu’une libéralisation marchande de la télévision :

Il y a là un lieu de désaccord fondamental […] entre les orientations fermement choisies par le gouvernement et les thèses professées par certains d’entre vous qui, hier, lorsqu’ils étaient au pouvoir, voulaient garder la maîtrise complète de tous les systèmes audiovisuels, […] qu’ils proposent aujourd’hui de livrer au marché. Eh bien, non ! il n’y aura pas de mise à l’encan, pas de coupe réglée dans le domaine des ondes. Télé-fric et Satellite Coca-Cola ne sont pas au programme. Déchantez,…

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Auteur: Acrimed