À Bure, les opposants se préparent à l'arrivée des bulldozers

Entre Bure (Meuse) et Cirfontaines-en-Ornois (Haute-Marne), reportage

Les années à venir s’annoncent chaudes dans le sud meusien. Et le réchauffement climatique n’en sera pas le seul responsable. Car autour du projet de centre d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo, dessiné par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), les nerfs se tendent. La raison ? La publication le 8 juillet 2022 des décrets accordant l’utilité publique (DUP) et « l’intérêt national » (OIN) au projet.

Derrière cette « étape administrative » se cache une multitude de nouveaux leviers pour l’Andra, lui permettant de déloger agriculteurs, opposants et militants à tour de bras. Après plus de 20 ans « d’accompagnement et de développement du territoire », le laboratoire de l’Andra montre finalement un tout autre visage.

Le bois Lejuc pourrait être bientôt défriché pour pouvoir accueillir la zone puits. © Quentin Zinzius / Reporterre

À la Maison de Résistance (BZL), site historique de contestation du projet, la nouvelle s’est répandue rapidement. « Nous savions que la procédure allait avancer, et nous l’avons anticipé. Une équipe et des recours juridiques étaient préparés de longue date, pour contester ces décrets », assure Paulo, un habitué des lieux. Mais des inquiétudes subsistent. Notamment autour du bois Lejuc, où se sont déroulés les précédents conflits attenants à Cigéo, avant que l’Andra n’en prenne réellement possession courant 2021.

Situé au-dessus de la future zone de stockage des déchets, il doit être en partie défriché pour servir de zone de soutien aux travaux, appelée « zone puits ». « Depuis les occupations, le bois n’a jamais vraiment quitté nos esprits, et on surveille de près ce qu’il s’y passe », assure Paula, qui habite également BZL.

© Gaëlle Sutton / Reporterre

Fin juillet, une équipe d’experts aurait notamment réalisé une étude d’impact environnemental en son sein ; une étape nécessaire avant de pouvoir commencer des travaux de défrichements. Mais pour l’heure, la forêt trône toujours paisiblement sur la plaine. « Le jour où les bulldozers viendront, nous serons prêts », promet-on dans la Maison.

Et le bois Lejuc n’est pas le seul à être menacé par l’avancée du projet de l’Andra. Au total, près de 3 500 ha de terres sont couvertes par l’OIN — dont une majeure partie est déjà aux mains de l’Andra, permettant à l’agence d’y réaliser les aménagements nécessaires…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre