Basta! : Dans votre ouvrage On achève bien les enfants. Écrans et barbarie numérique, vous déplorez le déni qui entoure l’immense matérialité du numérique, et vous invitez à regarder du côté des conditions d’extraction des métaux indispensables à cette industrie. Pourquoi est-il si important de se pencher sur cet aspect de l’industrie des nouvelles technologies ?
Fabien Lebrun DR
Fabien Lebrun : Depuis une dizaine d’années, les études critiques du numérique se multiplient. Mais ce qu’on médiatise le plus, ce sont les effets liés à l’utilisation de ces appareils – leur impact sur l’éducation et le développement de l’enfant, la façon dont ils atteignent la vie privée. Et non les impacts relevant de leur fabrication, notamment dans un pays comme la République démocratique du Congo (RDC) où sont extraits beaucoup de métaux logés dans nos smartphones, tablettes et ordinateurs. Je n’oppose pas ces deux types d’impacts, je pense qu’ils sont à articuler, mais la critique de la consommation numérique mérite que l’on se penche sur l’étape de la production, pour aller voir comment on fabrique, et de quoi sont composés tous ces gadgets devenus quotidiens.
Cela participe de la compréhension du monde connecté, dont les coûts sociaux et environnementaux sont invisibilisés, alors qu’ils sont colossaux. Quand on se penche sur la situation du Congo, en Afrique centrale, on prend la mesure de l’illusion de la « dématérialisation ». Dans ce pays, qui regorge de matières premières indispensables à l’industrie numérique, les dommages humains et environnementaux…
Auteur: Nolwenn Weiler