À Cluny, « on arrête tout, on réfléchit et c'est pas triste »

Cluny (Saône-et-Loire), reportage

« On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste. » Cette célèbre citation tirée de la bande dessinée L’An 01, entendue à plusieurs reprises durant le weekend, résume bien l’esprit des Rencontres des nouvelles pensées de l’écologie. La stimulation intellectuelle mais aussi la convivialité ont rythmé les deux jours de cet événement inédit, organisé les 21 et 22 octobre par le collectif L’Instant d’après avec Reporterre et d’autres associations au sein du collège européen de Cluny, situé dans l’ancienne abbaye de la ville.

Tout au long d’une quinzaine d’ateliers thématiques, ainsi que dans le majestueux cloître de l’édifice, où les discussions se sont poursuivies avec ardeur, les quelque 400 personnes venues écouter chercheurs, militants et élus ont pu entendre résonner des formules telles que « techno-solutionnisme », « conflictualité », « extractivisme », « imaginaires », « écoféminisme matérialiste », « sobriété », « fracture coloniale », « minorités actives »

Ces Rencontres ont ainsi permis de dresser un état des lieux des pensées écologiques actuelles. Le sentiment qui a émergé est qu’elles participent d’une bataille pour « l’hégémonie culturelle », selon le philosophe Patrice Maniglier. Le politologue Erwan Lecœur a souligné que « l’extrême droite a gagné la bataille culturelle, comme le montrent les victoires protofascistes de Trump ou de Bolsonaro ».

L’enjeu des pensées écologiques est bien là : ouvrir des horizons nouveaux à des sociétés déboussolées. « Comment on évite les replis identitaires ? » a demandé l’écrivaine Corinne Morel Darleux, avant de poursuivre : « Il faut se mettre à la place de l’autre, changer de perspective. Nourrir nos capacités d’empathie peut défaire les enfermements identitaires qui nourrissent l’extrême droite. »

Nommer nos ennemis

Autre accord : il faut nommer les adversaires, dont la puissance se déploie comme un rouleau compresseur : « riches », « capitalistes », « extractivistes », « protofascistes », ou encore « destructivistes ». Et par exemple, pour Lola, militante d’Extinction Rebellion, l’un d’eux est Vincent Bolloré — on pourrait citer également Bernard Arnault, PDG de LVMH, ou encore Patrick Pouyanné, patron du groupe TotalÉnergies.

Dans un débat très dense entre l’historien des techniques François Jarrige et le mathématicien Cédric Villani, la technoscience est…

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Auteur: Amélie Quentel, Hervé Kempf Reporterre