À Dijon, les jardins de l'Engrenage luttent contre le béton

Dijon (Côte-d’Or), reportage

L’avenue de Langres, dans le nord de Dijon, a été le théâtre d’un étrange manège ce mercredi 21 avril. Régulièrement, un camion-benne traversait l’avenue chargé de terre, pour ensuite disparaître dans la circulation et revenir vide. Parfois, un arbre dépassait de sa benne, les racines fraîchement arrachées. C’est dans ce va-et-vient routier, escorté de près par la police, que la Zad des jardins de l’Engrenage, un terrain de 3 hectares occupé et cultivé depuis le 17 juin 2020 par des habitants et des militants écologistes, a été expulsée, pelletée après pelletée.

Elle devrait laisser place à un complexe immobilier de près de 300 logements, accompagné de petits jardins censés incarner « une démarche environnementale volontariste », selon le promoteur du projet nommé Garden State (« l’État jardin »). « Pourquoi détruire ce qui existe déjà si on prétend faire la même chose ? » demandait Élisa, une « habitante-jardinière », les yeux encore rougis par les derniers gaz lacrymogènes.

L’expulsion des jardins de l’Engrenage avait commencé la veille, mardi 20 avril, avec l’arrivée de dizaines de gendarmes mobiles et de quelques engins de chantier dans ce terrain en friche situé le long du tramway. Les soutiens à l’occupation ont alors afflué, et certaines personnes qui tentaient de bloquer les camions ont été violemment repoussées par les forces de l’ordre. Six personnes ont été interpellées durant la matinée. Légalement non expulsable, la maison abandonnée investie par les militants depuis le début de la lutte a été entourée de barrières et ses habitants noyés sous les gaz lacrymogènes pendant plusieurs heures. Dans l’après-midi, des blocs de béton ont été empilés un par un autour de la maison, formant progressivement un mur l’isolant du reste du terrain.

Les forces de l’ordre et des engins de démolition sur le terrain, le mardi 20 avril.

Depuis, les travaux ont repris. « Ils veulent vraiment que plus rien ne pousse. On est parqués au milieu d’un désert », dit Élisa, près de la maison. Résultat : il n’y a plus de tilleul, plus de prunier, plus de serre accueillant les semis et plants prêts à être plantés. Au sol, se trouvent désormais les cendres de bottes de paille enflammées, incendie ayant donné du fil à retordre aux pompiers. Un coup dur pour les militants des jardins de l’Engrenage, engagés depuis près d’un an, qui ont d’ores et déjà appelé au rassemblement samedi 24 avril

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Auteur: Mathieu Brier Reporterre