À Dunkerque, un grand hommage aux exilés morts en mer

Dunkerque (Nord), reportage

Seules quelques torches fumigènes rouges éclairent la plage de Malo-les-Bains plongée dans l’obscurité. Un à un, tous s’éteignent dans le silence. Des citoyens vêtus de noir brandissent des pancartes où sont écrits les noms des victimes du naufrage du 24 novembre 2021 dans la Manche : Shakar, 30 ans ; Zanyar, 20 ans ; Pshtiwan, 18 ans ; Hasti, 7 ans…

« Ce jour-là, l’aide n’est jamais arrivée », écrit le frère de Twana, un jeune de 18 ans décédé lors du naufrage, dans une lettre lue aux centaines de personnes rassemblées ce jeudi soir à Dunkerque pour commémorer l’événement. « Où étaient les secours pour venir les chercher et empêcher ce drame ? »

Les premiers éléments de l’enquête judiciaire, révélés par Le Monde, pointent de graves dysfonctionnements de la part du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross).

Citoyens et associatifs n’en reviennent toujours pas. « Je ne pensais pas que c’était possible que des gens appellent les secours pendant quatre heures sans qu’ils interviennent. On a vu beaucoup de choses terribles à la frontière mais ça, c’est un niveau d’inhumanité en plus », témoigne Juliette Deleplace, chargée de mission “Personnes exilées sur le littoral Nord” au Secours catholique.

« Porter assistance aux gens en mer, ce n’est pas une tradition, c’est une obligation »

Face à la mer, Jean-Pierre Decodts, bonnet rouge sur la tête, cherche ses mots pour décrire ce qu’il ressent en ce jour d’hommage. L’homme de 75 ans qui a un bateau à Dunkerque navigue souvent dans la Manche. « Porter assistance aux gens en mer, ce n’est pas une tradition, c’est une obligation. En tant que marins, on a été révoltés par tout ça », martèle-t-il, lui qui appelle régulièrement le Cross lorsqu’il voit un de ces « small boats » errer dans la mer.

Ils sont de plus en plus nombreux à risquer leur vie sur ces embarcations précaires. Plus de 40 000 exilés sont déjà parvenus à rejoindre les côtes britanniques depuis le début de l’année, contre 28 000 en 2021. Ces derniers mois ont été particulièrement intensifs, avec 7 961 arrivées en septembre et 6 900 en octobre, selon les chiffres des autorités britanniques.

Face à la hausse de ces traversées, un nouvel accord franco-britannique a été signé mi-novembre. Londres s’engage à verser 72,2 millions d’euros aux autorités françaises en 2022-2023 afin de financer le déploiement de 40 % de policiers et…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Maïa Courtois Reporterre