A Grenoble, la guerre de l’eau fait rage entre les habitants et l’industrie électronique

Inédite par son objet et son ampleur, cette manifestation était organisée par STopMicro. Créé il y a quelques mois et basé à Grenoble, ce collectif se bat contre les activités, la pollution et la croissance programmée de deux sociétés de la vallée du Grésivaudan : Soitec et STMicroelectronics.

Installées à Crolles, à vingt kilomètres de Grenoble, ces deux usines fabriquent des micro et nano-composants électroniques – puces et semi-conducteurs – que l’on retrouve dans toutes les nouvelles technologies, des téléphones aux satellites, en passant par les drones et les objets connectés.

Outre qu’elles dévorent le foncier agricole et naturel de la région, ces industries ont le désavantage majeur d’être extrêmement gourmandes en eau douce.

« Les deux usines consomment à elles seules l’équivalent quotidien de 12 piscines olympiques, explique Robin, un militant de STopMicro. Cela équivaut à la consommation entière de la ville de Grenoble, soit 160 000 habitants, plus toutes les entreprises implantées sur la commune, plus les services de la ville. »

Le collectif parle aussi de 700 000 douches par jour, plus de 29 000 m³ d’eau, ou 16 méga-bassines de Sainte-Soline.

Ces chiffres prennent en compte l’agrandissement de STMicroelectronics, annoncée par Emmanuel Macron en juillet 2022. D’ici quelques années, 5,7 milliards d’euros seront injectés dans le site de Crolles, afin d’en doubler la production, dans le cadre de la réindustrialisation du pays.

Plus modeste que sa consœur, l’usine de Soitec s’agrandit peu à peu elle aussi, portée par un marché des semi-conducteurs qui ne connaît pas la crise. Avec le télétravail, la « ville connectée », l’armement de pointe, les voitures autonomes, le besoin en composants électroniques explose.

Les manifestants devant le site de ST le 1er avril 2023.

Cette poussée est d’ailleurs si forte que personne, ou presque, ne la remet en question, pas même les élus écologistes du Parlement ou de la ville de Grenoble, ni la gauche de la gauche. Tout se passe comme si les conséquences matérielles du « monde virtuel » n’existaient pas.

« À STopMicro, témoigne Robin, nous pensons pourtant que vis-à-vis du réchauffement climatique, le numérique fait partie du problème, non de la solution, et c’est toute cette industrie, cette logique de production que nous souhaitons critiquer. »

Antoine Blechet

Pour nettoyer leurs composants, les usines de semi-conducteurs ont besoin d’une eau débarrassée de tous les éléments qui ne sont pas…

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Auteur: Augustin Langlade