À Kiev, « ceux qui restent sont les combattants, les gens trop vulnérables pour fuir et les plus têtus »

« Je vais bien compte tenu des circonstances. Je n’étais pas sorti depuis le week-end. J’ai travaillé presque tout le temps. Il y a beaucoup à faire, je reçois de nombreuses demandes de personnes pour organiser leur départ vers l’Ouest. On nous dit aussi de sortir le moins possible, il y a des alertes aux bombardements régulièrement. Aujourd’hui, je suis sorti, je suis allé au supermarché faire des provisions et aussi au quartier général des volontaires civils, pour donner mon contact. Et j’ai été chercher de l’argent pour aider des jeunes de notre immeubles qui n’ont rien. Avec d’autres, nous avons organisé une collecte pour leur venir en soutien. J’ai marché plus d’une heure. Bien sûr, la ville est déserte. Les routes sont bloquées par la défense civile territoriale. J’ai été contrôlé, mais il étaient très polis. Il y a encore de la nourriture dans les supermarchés, mais on ne trouve plus certains produits de base.

« Je dors dans le couloir, loin des fenêtres. Il faut, pour se protéger, au moins deux murs entre soi et l’extérieur »

Il y a eu une alerte aux bombardements aujourd’hui. Chez moi, je travaille et je dors dans le couloir, loin des fenêtres. J’y ai installé un bureau. La salle de bain est la pièce la plus sûre, mais il n’y a pas assez de place pour y mettre un bureau, et il faut, pour se protéger, au moins deux murs entre soi et l’extérieur. Kiev a été bombardée les jours et nuits précédentes. Il y a eu plusieurs explosions, j’en ai entendue une pas loin de chez moi. Ici, c’est plutôt la nuit qu’ils bombardent. Pas comme à Marioupol où c’est en permanence.

« Dorénavant, il n’y a a plus que des trains humanitaires, gratuits »

Pour tout dire, je me sens un peu inutile. Je donne surtout des contacts aux gens pour les aider à partir, à trouver une organisation pour les aider une fois à l’étranger, à la frontière avec la Pologne, en Suède, en Finlande… Les gens vont là où ils connaissent quelqu’un. J’aide des personnes à faire évacuer leur proches âgés, j’essaie de voir si il y a des trains qui partent de Kiev. Dorénavant, il n’y a plus que des trains humanitaires, gratuits. Mais les horaires sont incertains. Les gens attendent des heures à la gare, ce n’est pas possible pour les gens qui ont une santé fragile. Parfois, je trouve des minibus pour évacuer des gens. Mais c’est difficile de trouver des bus qui font le trajet Kiev-Lviv plusieurs fois. J’essaie d’organiser une équipe de chauffeurs qui ferait cela, en…

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Auteur: Rédaction