À la campagne, où sont passés les chemins d'antan ?

Noroy-sur-Ourcq (Aisne), reportage

Le vent souffle sur les plaines de l’Aisne. Antoine Callens, habitué des chemins rocailleux, tient ferme le volant de sa voiture. Après 150 mètres, la voie est trop défoncée. Le chargé de mission de l’association Chemins du Nord Pas-de-Calais-Picardie se gare, attrape sa tablette et poursuit la descente à pied, derrière Dragomir Kiprijanovski. Ce dernier, maire de Noroy-sur-Ourcq, le guide sur l’un des chemins ruraux de sa commune, située à une centaine de kilomètres au nord-est de Paris. Le ciel gris est menaçant, mais la vue est dégagée sur les étendues planes du département, sur les parcelles labourées entrecoupées de corridors arborés. Le chemin a été vilainement érodé par de fortes pluies l’an dernier. L’élu estime qu’il faudra environ 56 000 euros pour le remettre en état. Il a monté le dossier — la catastrophe naturelle a été reconnue — et attend validation avant d’engager les travaux. Le nez sur sa tablette, une carte du cadastre ouverte, Antoine Callens mesure avec ses pas la largeur du chemin entouré de parcelles cultivées. Il tique : « Il commence à se rétrécir. Ce n’est pas normal. »

Antoine Callens, de l’association Chemins du Nord Pas-de-Calais-Picardie, et Dragomir Kiprijanovski, maire de Noroy-sur-Ourcq. © Baptiste Langlois / Reporterre

À l’image des haies, qui ont progressivement disparu des campagnes depuis les années 1950, les chemins ruraux connaissent pareil effacement des paysages. Autrefois, ce réseau, rarement goudronné, servait de connexion entre les fermes, les hameaux, les lieux-dits et les communes. Il est tombé en désuétude, sauf auprès des agriculteurs, avant de retrouver au fil du temps un intérêt aux yeux des promeneurs, randonneurs ou sportifs. Mais ces décennies de peu d’égards ont accéléré sa disparition. Dans un rapport rendu en 2014, le sénateur Yves Détraigne (Union centriste) regrettait « qu’aucune donnée quantitative précise ne semble disponible », et estimait toutefois à « quelque 250 000 kilomètres » la disparition des chemins ruraux — sur un million de kilomètres. Il n’était pas le seul à s’en préoccuper : des associations d’usagers ont vu le jour afin de les récupérer. Chemins du Nord Pas-de-Calais-Picardie a été l’une des premières.

Érosion naturelle, labour, ensemencement, annexion par des riverains…

La tâche n’est pas aisée. La disparition d’un chemin rural peut avoir diverses origines : un défaut d’entretien, l’érosion naturelle, le…

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Auteur: Baptiste Langlois Reporterre