À la COP26, les hommes monopolisent la parole

Glasgow (Écosse), reportage

« Nous vivons tous dans un monde brisé, mais il l’est encore plus pour les filles et les femmes. Nous sommes affectées de façon disproportionnée par le changement climatique », a déclaré Brianna Fruean, activiste venue des Samoa, en préambule d’une séance plénière sur le genre à la COP26, mardi 9 novembre. À la tribune, elle était épaulée par la Petite Amal, une marionnette géante qui représente une jeune réfugiée syrienne. Du haut de ses trois mètres cinquante, la poupée articulée accomplit en ce moment un voyage de 8 000 kilomètres pour mettre en lumière le sort des exilés du monde entier. Brianna Fruean lui a offert une fleur. « Cette fleur représente, chez moi, l’espoir et la lumière, a expliqué la jeune Samoane. L’espoir et la lumière, c’est ce que nous portons toutes les deux, même si nous ne venons pas des mêmes régions du monde. Nos voix de femmes doivent être entendues. »

Brianna Fruean, activiste venue des Samoa, et la Petite Amal, une marionnette géante qui représente une jeune réfugiée syrienne, mardi 9 novembre, à Glasgow. © Pierre Larrieu/Reporterre

Or, à la COP26, les voix des femmes sont moins nombreuses que celles des hommes. Si l’égérie du mouvement climatique est la jeune militante suédoise Greta Thunberg, les couloirs du Scottish Event Campus grouillent d’hommes en costume. Les négociations internationales visant à lutter contre le changement climatique ont récemment été qualifiées d’« espace pour les mecs », par la femme politique britannique Claire O’Neill, qui devait présider la COP26 mais fût limogée en janvier 2020. L’ex-ministre d’État pour le changement climatique, interviewée par le média étasunien ABC News, a évoqué « un problème sans fin pour que les femmes soient mieux représentées dans les délégations des États ».

« Les hommes ont tendance à parler plus souvent et plus longtemps que les femmes » 

Les chiffres sont éloquents : les délégations des États participants sont composées à 65 % d’hommes, contre 35 % de femmes, comme l’a révélé le site d’information britannique Carbon Brief, qui a analysé la liste des participants au sommet international. La répartition entre les genres est certes moins inégale que lors des premières COP, dans les années 1990. Un temps où les délégations étaient composées en moyenne de 88 % d’hommes et de 12 % de femmes. Néanmoins, la COP26 de Glasgow est plus masculine que ses trois prédécesseures (en moyenne 62 %…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre