À la découverte des dunes, menacées par le tourisme et le changement climatique

Ce reportage s’inscrit dans notre série La balade du naturaliste : une randonnée à la découverte d’une espèce ou d’un milieu exceptionnel, en compagnie d’un passionné, qui nous explique.


Grayan-et-l’Hôpital (Gironde), reportage

Le ciel, d’un gris tourmenté parcouru de nuages, s’étend à l’infini au-dessus des rouleaux de l’océan Atlantique. En cette fin juillet, seules quelques silhouettes bien habillées se sont aventurées sur la plage du Gurp, à Grayan-et-l’Hôpital (Gironde). La dune, elle, est déserte : une longue chaîne de creux et de bosses façonnées dans le sable, parsemées d’herbes chétives qui oscillent au gré du vent.

Un milieu hostile et désolé ? Sûrement pas pour Paul Tourneur, agent de l’Office national des forêts (ONF), l’établissement public chargé de la gestion des dunes. Sous son regard attentif, un trésor botanique se dévoile entre les touffes d’oyat (Ammophila arenaria), « l’espèce structurante et typique de la dune, “gourbet” en gascon ». Ici, un panicaut des dunes (Eryngium maritimum), sorte de chardon, déploie ses feuilles coupantes d’un beau gris bleuté ; là, une bugrane épineuse (Ononis spinosa) s’est parée de sa petite fleur rose en forme de cœur ; un astragale de Bayonne (Astragalus baionensis) dresse ses feuilles pennées et sa minuscule fleur violette et l’euphorbe maritime (Euphorbia paralias) tend ses tiges tentaculaires.

De tailles et de couleurs variées, elles partagent un point commun : « Elles ont toutes développé des adaptations, des petites combines pour survivre dans ce milieu semi-aride : elles sont de type plante grasse, ou elles ont des poils pour retenir la rosée du matin. Le gourbet, lui, enroule carrément ses feuilles pour garder l’eau. » Tous les six ans, l’université de Bordeaux-I, le Conservatoire botanique et l’ONF évaluent l’état de conservation de cette riche biodiversité des bords de mer. Quelques pas, et une autre curiosité arrête Paul Tourneur : « Une linaire à feuilles de thym (Linaria thymifolia) ! Elle est protégée au niveau national, car elle ne pousse qu’ici, sur la dune blanche. »

La dune blanche est la partie la plus proche de l’océan. © Émilie Massemin/Reporterre

La dune blanche, au plus près de la plage, est le premier des milieux dunaires ; battue par les vents, salée par les embruns et sans cesse remodelée par les tempêtes, elle s’appelle aussi « dune mobile ». Ensuite viennent la dune grise, plus abritée, où une grande variété…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre