A La Hague, saturé de déchets radioactifs, une mobilisation émerge contre une nouvelle « poubelle nucléaire »

Avec l’usine de retraitement de La Hague, les deux réacteurs nucléaires de la centrale de Flamanville, un troisième, l’EPR, en chantier, ou encore l’arsenal de Cherbourg et ses sous-marins nucléaires, c’est peu dire que la presqu’île du Cotentin est nucléarisée. Elle doit encore « accueillir » une nouvelle piscine d’entreposage de déchets nucléaires, sur le le site d’Orano La Hague, les travaux devant débuter en 2024.

Les chiffres donnent le tournis : 130 000 tonnes de déchets radioactifs, issus des centrales EDF, seront stockés sur la petite commune de Jobourg, sur la pointe occidentale de la presqu’île. Ils nécessiteront d’être refroidis pendant 50 à 100 ans et donc plongés en permanence dans d’immenses piscines. Pour abriter ces bassins géants, un premier bâtiment sera construit, haut de 25 mètres, occupant une superficie de 20 000 m². Les travaux devraient durer dix ans. La facture, acquittée par EDF, s’élèvera à 1,5 milliard d’euros, au minimum.

« Pays sacrifié »

Autour de la centrale de La Hague, les habitants ont dressé des pancartes pour exprimer leur opposition à un nouveau site de stockage de déchets radioactifs.

©Guy Pichard

Prévu bien avant la « renaissance » du nucléaire français annoncée en février 2022 par Emmanuel Macron, le projet était initialement localisé à la centrale de Belleville-sur-Loire (Cher). « EDF souhaitait une piscine de stockage située dans le centre de la France et desservie par une ligne de chemin de fer, explique François, qui a travaillé une vingtaine d’années au service communication du groupe détenu à plus de 80 % par l’État. Seule la centrale de Belleville-sur-Loire remplissait ces conditions. Dans les premières brochures distribuées par EDF, on y voit carrément le train entrer dans la centrale. » Face à l’opposition locale, EDF se rabat sur La Hague, qui abrite déjà un peu moins de 10 000 tonnes de combustibles irradiés provenant de ses centrales.

« À La Hague, EDF est proche de l’engorgement »

Outre une grande concentration de déchets hautement radioactifs à venir, qui rend le site de La Hague de plus en plus sensible, l’autre souci majeur de l’usine de retraitement est sa saturation. Ses quatre bassins, construits entre 1976 et 1985, ont quasiment fait le plein de matières nucléaires. « À La Hague, EDF est proche de l’engorgement », nous explique Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur en radioprotection et membre de l’association de scientifiques et…

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Auteur: Guy Pichard