À la main et sans produit chimique, ils fabriquent du papier écologique

Salasc (Hérault), reportage

Le soleil se lève sur le lac du Salagou. La lumière éclaire les roches rouges caractéristiques de ce lieu touristique de l’Hérault. Tout proche, dans le petit village de Salasc, deux geishas peintes sur une porte marquent l’entrée de l’Atelier papetier, où se pratique un artisanat ancestral issu du pays du Soleil-Levant. C’est ici que Benoit Dudognon et Stéphanie Allard fabriquent un papier réellement écologique : le « washi ». Pour cela, ils utilisent le « kozo », nom japonais du mûrier de Chine (Broussonetia papyrifera). « Cette plante a été importée par Pierre Marie Auguste Broussonet, un naturaliste du XIXe siècle. C’est donc une espèce exotique qui pose problème à cause de son caractère envahissant en France », explique Stéphanie Allard.

À l’Atelier papetier, la fabrication du washi est réalisée à la main et sans aucun produit chimique. Cela donne un papier beaucoup plus résistant et durable dans le temps. Stéphanie nous fait toucher le papier de couleur beige. Il est doux, robuste. « Il dure plus de 400 ans et ne jaunit pas à la lumière, alors que certains papiers industriels jaunissent en seulement trois ans. Au Japon, même sous un climat tropical, il ne moisit pas et n’est pas attaqué par les insectes », précise-t-elle. À ce jour, ce sont les seuls artisans en Europe fabriquant ce papier washi issu du mûrier de Chine. Les applications sont multiples : papier peint, vêtements, art déco, étiquettes, papier photo, isolant, etc.

Le washi nécessite uniquement de l’eau, aucun produit chimique. © Théo Tzélépoglou/Reporterre

Aucun produit chimique

En plus d’endiguer la propagation de cette plante envahissante, Benoit et Stéphanie produisent un papier respectueux de l’environnement. Pour faire leur papier, ils prélèvent avec parcimonie des branches de kozo autour de chez eux, dans des zones où l’espèce est présente. Ils n’utilisent pas de produits chimiques, contrairement aux techniques industrielles, qui utilisent par exemple de la soude ou du chlore — pour faire du papier blanc. Benoit, qui a travaillé dix ans dans l’industrie papetière, le sait bien : « Certaines eaux de rejets polluées se retrouvaient dans les rivières, dit-il au souvenir de son ancien emploi. Certaines eaux étaient retraitées, d’autres directement relarguées pour gagner du temps. Et fabriquer du papier rejette des polluants atmosphériques. »

Écorcage du kozo. © Théo Tzélépoglou/Reporterre

Alors que l’entreprise qui l’employait…

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Auteur: Théo Tzelepoglou Reporterre