A la mémoire de Solange Yvon Coudrieu — CAZA

26 et 27 mai 1967 à Pointe à Pitre : Répression sanglante d’une grève d’ouvriers du bâtiment guadeloupéens

En mai 1967, 80 à 200 manifestants furent tués par la police française dans les rues de Pointe-à-Pitre. Souvenirs.

1) Une tuerie de Guadeloupéens dans la rue, dans les locaux de la gendarmerie et de la sous-préfecture

De 80 à 200 morts dans les rues de Pointe-à-Pitre.

La Guadeloupe n’a pas oublié les événements de mai 67. L’une des revendications actuelles des grévistes de Guadeloupe est de demander une commission d’enquête indépendante sur les événements des 26 et 27 mai 1967 au cours desquels, en plein pouvoir gaulliste, de 80 à 200 manifestants furent tués par la police française dans les rues de Pointe-à-Pître. « Les gens ont encore peur quarante ans après. Ils voudraient être sûr qu’ils ne risquent rien à témoigner » explique le Dr Michel Numa, 76 ans, ancien militant indépendantiste qui était en prison à Paris au moment du massacre.

Tout avait débuté deux mois plus tôt

Le 20 mars 1967, à Basse-Terre, préfecture de l’île, un riche marchand « blanc pays », lance son chien sur un artisan noir. Révolté par cet acte digne de l’apartheid, le peuple de Basse-Terre laisse libre cour à la colère accumulée depuis longtemps. Durant trois jours, les 20, 21 et 22 mars 1967, Basse-Terre est en émeute. Dans un appel au calme, le préfet déclare comprendre la colère populaire et jure que cet acte raciste sera puni. Mais contrairement aux promesses, les émeutiers seront condamnés à de fortes peines de prison. Fin du 1er acte.

« Quand les nègres auront faim, ils reprendront leur travail »

Deux mois plus tard, à Pointe à Pitre, le 26 mai 1967, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage, 5000 ouvriers du bâtiment sont en grève pour une augmentation de salaire de 2%. Le délégué patronal, un certain Brizard aurait lancé aux grévistes : « Quand les nègres auront faim, ils reprendront leur travail ». Une manifestation s’organise. Face aux CRS rassemblés devant la chambre de commerce, les manifestants lancent des pierres et des bouteilles. La police tire immédiatement tuant Jacques Nestor, Militant du Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe (GONG). Selon Michel Numa, les ordres du préfet Bolotte, captés sur la fréquence de la préfecture disent aux officiers CRS : « Faites usage de toutes vos armes ».

Les deux jeunes ouvriers Taret et Tidas sont tués ainsi qu’un promeneur. La population et notamment les jeunes du lycée…

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Auteur: CAZA Le grand soir