« À la paix ! », le grand bazar de Renucci contre la guerre

Les comédiens déboulent sur scène alors que les lumières restent allumées. Derrière eux, des silhouettes tout en noir s’affairent autour d’une machine monstrueuse. Techniciens ou figurants ? Fiction ou réalité ? Pas le temps de réfléchir, la machine se met à péter, roter et cracher des immondices, jusqu’à éclabousser – vraiment – les premiers rangs ; les acteurs jurent et transportent des seaux d’ordures. Une entrée en matière malaisante qui va durer une bonne demi-heure.

« Et encore, on a épuré ! Si l’on est rebuté par la scatologie, il ne faut pas voir du Aristophane ! », lançait crânement Robin Renucci, croisé à la fin d’À la paix, première pièce écrite et mise en scène par ses soins depuis son arrivée à la tête de la Criée, en 2022. Avec l’auteur Serge Valletti, l’ex-directeur des Tréteaux de France (2011-2022) a adapté La Paix, comédie sur la guerre d’Aristophane.

Se jouer des codes du théâtre

Après l’entame grossière, la suite est bien plus légère et même très divertissante, notamment grâce aux remarquables décors et jeux de lumière, le propos, lui, est en résonance avec l’actualité : Robin Renucci questionne le besoin qu’ont les hommes de faire la guerre. Son héros : un vigneron (joué avec truculence par Guillaume Pottier).

Par le miracle de l’alcool, il voyage dans un monde où les conflits ont disparu, le royaume d’une convivialité inclusive, ancré à Marseille et incarné par une troupe de 17 acteurs, dont cinq apprentis comédiens. La joyeuse bande chasse la déesse de la Guerre (fantastique Anne Lévy) et libère la paix enfermée. Surpris, les spectateurs sont invités à l’aider, déclenchant un joyeux bazar sur scène.

Cette belle énergie emporte une partie des spectateurs. Mais en se jouant des codes du théâtre, À la paix perturbe et interroge, choque parfois, quitte à laisser certains à quai : «C’est un genre de théâtre qu’on peut…

La suite est à lire sur: www.la-croix.com
Auteur: Guylaine Idoux, à Marseille