À la raffinerie de TotalÉnergies, les grévistes tiennent bon

Donges (Loire-Atlantique), reportage

Sous un barnum installé à l’entrée de l’immense site industriel, sur fond d’un air de musique reggae et d’odeur de barbecue, les salariés de la raffinerie TotalÉnergies de Donges, en Loire-Atlantique, consultent avec intérêt les dernières nouvelles sur leur téléphone. La réunion prévue mercredi 5 avril à Matignon entre la Première ministre et les syndicats n’a rien donné. Sans surprise, Élisabeth Borne a refusé de lâcher du lest. « On s’y attendait. C’est pour ça qu’il faut continuer », lâche Marin Guillotin, délégué Force ouvrière (FO).

En grève depuis le 7 mars pour s’opposer à la réforme des retraites, les salariés de la raffinerie organisent régulièrement des moments conviviaux tels que ce pique-nique, en plus de réunions quotidiennes. Une manière de maintenir la motivation, bien présente jusqu’ici. « En production, nous sommes en moyenne à 80 % de grévistes », explique Fabien Privé Saint-Lanne, délégué CGT, syndicat majoritaire. Soit environ 250 personnes. « Dès lors qu’il y a plus de 50 % de grévistes, la règle est : pas de production ni expédition. »

Ces dernières semaines, le site était à l’arrêt pour un incident technique non lié à la grève. Il est désormais réparé et la raffinerie est en mesure de redémarrer, selon la CGT. Mais leur piquet de grève doit se poursuivre au moins jusqu’au 7 avril, à 21 heures.

« On ne laissera pas nos enfants se battre pour nous »

Au fil de la matinée, près d’une cinquantaine de personnes se sont rassemblées autour du barnum. Des militants du mouvement Révolution permanente et des employés de sous-traitants ont rejoint leurs rangs. L’ambiance est chaleureuse, mais l’avenir incertain. « Nous attendons de voir quelle sera la mobilisation de demain [jeudi 6 avril] pour décider de la suite du mouvement, explique Fabien Privé Saint-Lanne. Financièrement nous sommes structurés, nous avons les caisses de grève, mais physiquement et psychologiquement cela commence à faire long. » Il rappelle que les équipes doivent maintenir, malgré la grève, un effectif minimum de sécurité sur le site. Ils se relaient tous les jours à 5 heures, 13 heures et 21 heures.

« Le gouvernement ne cède pas. Cela commence à provoquer de l’usure et de la colère », observe le délégué CGT. Mais surtout, les salariés n’ont particulièrement pas apprécié que certains d’entre eux aient été réquisitionnés par la préfecture le 24 mars, pour assurer un transfert d’essence au dépôt de Vern-sur-Seiche, près de Rennes. Une première pour la raffinerie de Donges, mais pas à l’échelle nationale. « Avec Macron, les réquisitions sont…

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Auteur: Héloïse Leussier Reporterre