À la redécouverte d'Annkrist et de son œuvre en-chantée

Miracle, ou plutôt justice, l’ensemble des chansons d’Annkrist enregistrées entre 1975 et 1986 (cinq albums Vinyle) est aujourd’hui disponible à nouveau, dans un coffret comprenant 3 CD, soit 28 plages irremplaçables. Les années, les décennies passent, Annkrist est toujours parmi nous, discrète à force d’humilité ; Messieurs les producteurs, à quand le prochain enregistrement ? L’artiste ne manque pas de bijoux inédits dans sa besace !

Le premier 33T était sorti en 1975 sous le label Névénoé, 1000 exemplaires distribués par la bande et cependant un accueil critique plus qu’élogieux ; certains messieurs en restèrent pantois et quelque peu jaloux, ils se piquaient de poésie quand leur jeune collègue l’incarnait au plus haut point. Aussi bien Libération (« Un disque si beau qu’il devrait reposer auprès de chaque matelas, des couvertures indiennes, des nuits qui s’étirent… ») que Télérama (« en un seul disque, Annkrist se hisse au premier rang »), la presse spécialisée (Chanson, plus tard Paroles et musique) ou régionale (OuestFrance, Le télégramme de Brest) et les journaux d’extrême-gauche tel que Rouge (« Écorchée vive, elle nous écorche aussi et il faut se pincer pour émerger, pour rompre le charme dans lequel son univers, sa voix nous plonge. »), ils sont unanimes : une grande artiste nous est révélée ! Il faudra ajouter son nom à la liste très réduite des auteurs-poètes de la chanson.

Annkrist n’a guère, pour sa part, que le sentiment de faire son chemin : elle chante depuis toujours, et très naturellement, ses propres créations. Encore adolescente, déjà elle donnait à entendre sa singulière parole en certaines soirées du Folk-Club de Brest, non sans susciter l’étonnement, l’enthousiasme. Si bien qu’en dépit de son jeune âge, elle a déjà une bonne expérience au moment où sort ce premier disque, dont la pochette porte son seul nom pour titre.

« Qu’est-ce qu’on foutait Prison 101 ? / P’t-être qu’on attendait le soir / pour coller nos seins et nos cuisses / Un coup qu’personne pourrait savoir : / Cause de la nuit du ciel qui pisse  » 
Prison 101 devient un hymne dans nombre de cellules carcérales, la chanson sonne blues, cru, femme, dans une époque où le féminisme jargonne volontiers, à l’aune des nombreux débats en cours, mai 68 est encore là, à Paris comme en province. Face B, un pur blues contemporain, 27, rue Kernadeïs, chronique subie et routinière d’une ouvrière d’usine : « Monsieur au fond…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin