À la rencontre des araignées, ces mal aimées

Ce reportage s’inscrit dans notre série La balade du naturaliste : une randonnée à la découverte d’une espèce ou d’un milieu exceptionnel, en compagnie d’une ou d’un passionné.

Bois de Vincennes (Île-de-France), reportage

En ce mois de novembre, les arbres du bois de Vincennes sont parés de leurs teintes orangées. Le temps est brumeux. « C’est une chance, nous verrons mieux les toiles d’araignées avec la rosée », dit Christine Rollard, aranéologue et enseignante-chercheuse au Muséum national d’histoire naturelle. Quelques détails trahissent son affection pour ces petites bêtes : un bijou à l’effigie d’une araignée orne son oreille, tandis qu’une autre est dessinée sur un badge accroché à son gilet. Christine Rollard est une passionnée. Et elle aime déconstruire les préjugés qui collent à la peau des araignées.

L’aranéologue n’utilise d’ailleurs que des termes élogieux pour les décrire : « On les dit poilues, mais je préfère dire soyeuses. Elles sont recouvertes de diverses soies qui les rendent très douces. » Elle ajoute que si beaucoup d’idées reçues courent sur les araignées, « elles n’attaquent jamais l’humain. Elles ne mordent qu’en dernier recours pour se défendre et leur venin n’est pas dangereux pour nous, sauf dans de très rares cas ». Toujours prête à déconstruire nos présupposés, la scientifique accompagne parfois des personnes souffrant d’une phobie des araignées, et fait de nombreuses animations pour le grand public. « C’est important pour un chercheur de transmettre ses connaissances, dit-elle. Au-delà des araignées qui souffrent d’un “délit de sale gueule”, je cherche à faire découvrir leur monde avec un autre regard. Et à transmettre qu’il faut respecter les autres organismes. »

Plutôt qu’à la loupe, c’est dans leur milieu naturel qu’elle préfère observer ces arthropodes. « On les trouve sur n’importe quel support. Elles ne sont pas inféodées à un type de fleurs ou d’arbres. Mais pour les voir, il faut ouvrir les yeux et habituer son regard à chercher quelque chose de petit », dit-elle en balayant le paysage de ses yeux clairs. À l’entrée du bois, il lui suffit de quelques pas pour apercevoir une première toile, accrochée sous un panneau de la ville de Paris. Elle s’en approche et l’asperge d’eau avec son vaporisateur rose pour mieux la discerner. « La forme de la toile nous renseigne sur la famille et parfois l’espèce, explique-t-elle. On voit que cette toile est symétrique. Il…

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Auteur: Reporterre