À La Réunion, une mémoire de l'esclavage encore en construction

A la Réunion, l’esclavage a été aboli le 20 décembre 1848. L’abolition est célébrée chaque année sur toute l’île, mais les deux siècles d’histoire esclavagiste qui ont peuplé l’île et écrit son histoire sont restés tabous jusqu’aux années 70. Aujourd’hui, le travail de mémoire est encore loin d’être abouti.

« Un trauma aussi fort que l’esclavage laisse des séquelles dans l’inconscient collectif », énonce gravement le guide Nicolas Bruniquet pour introduire sa visite du musée Villèle, ancienne exploitation coloniale. Le 20 décembre 1848, 62 000 des 100 000 habitants de la Réunion sont devenus libres après deux siècles d’esclavage qui ont peuplé l’île et forgé son histoire. Une histoire dont la mémoire est encore aujourd’hui trouble et taboue, malgré les festivités organisées chaque année, sous le nom de « Fête de la liberté » ou encore Fètkaf en créole. Cette année, la fête sera probablement moins au rendez-vous, Covid oblige. Le travail de commémoration n’est pas pour autant à l’arrêt.

Un seul musée est en partie consacré à l’histoire de l’esclavage. Il se situe sur l’habitation Villèle, le plus prospère domaine colonial de l’île au XVIIIe siècle. Dès dimanche, une exposition d’archives inédites y sera présentée. Il y a moins de 200 ans, vivaient ici en moyenne 400 esclaves. « L’abolition a été décrétée par Sarda Garriga, commissaire général de la République. Mais les esclaves libérés devaient absolument travailler, sinon, c’était un délit de vagabondage : direction la prison. Ne voulant pas retourner chez les maîtres qui les exploitaient depuis toujours, ils ont fui dans les montagnes. Sans ressources, nombre d’entre eux sont morts. Deux tiers des esclaves affranchis n’ont laissé aucune descendance », égraine Nicolas Bruniquet en traversant la maison des colons où se font face sur les murs portraits des maîtres et…

Auteur: lundimatin
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