À l'approche des élections, les assassinats et les attentats contre le mouvement social se multiplient en Colombie

Mercredi 19 janvier 2022, un attentat à la voiture piégée a fait un mort et plusieurs blessés dans la petite ville de Saravena, tout près de la frontière avec le Venezuela. Les coopératives de transport et le siège social des organisations syndicales et communautaires étaient visées. Et ce, seulement dix jours après qu’une grenade a endommagé l’entrée du siège social de l’entreprise communautaire locale qui assure la distribution d’eau aux habitant.e.s (ECAAAS). Les attentats ont été revendiqués par des groupes répondant aux noms de « Front 28 » et « Front 10 » des « FARC-EP », en référence aux FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), mouvement de guérilla marxiste née en 1964, censée avoir déposé les armes. Mais s’agit-il vraiment des héritiers de la guérilla ?

Le mois de janvier 2022 s’est ainsi achevé avec un lourd bilan : 13 leaders sociaux et 3 ex-combattants signataires des accords de paix assassinés, 13 massacres, 24 homicides, 98 menaces de morts, 58 tentatives d’homicides, 25 dénonciations de harcèlement politique, 17 disparus et 16 déplacements massifs dans plusieurs départements du pays. De manière générale, la violence contre le mouvement social en Colombie a augmenté depuis les accords de paix de 2016.

L’Arauca, département de l’est de la Colombie, est en tête de ce macabre décompte avec 67 morts en un mois. Ivan Duque, le président colombien, a envoyé deux bataillons militaires dans cette région déjà hautement militarisée et s’est déplacé en personne dans l’Arauca pour passer les troupes en revue sous l’œil des caméras. Selon Sonia Lopez, directrice de la Fondation Joel Sierra de défense de droits humains, « l’État colombien se présente comme neutre dans un conflit entre bandits, alors qu’il est le premier responsable ». La présence de multinationales pétrolières comme la OXY en Arauca a provoqué le déplacement des paysans sans leurs donner d’alternative ni de dédommagements conséquents. Selon Dixon Torres, un des paysans ayant perdu ses terres aux profits de la compagnie, « le problème en Colombie, ce ne sont pas les guérillas ce sont les inégalités sociales ».

Une guerre sans fin

Le département d’Arauca est connu pour ses organisations communautaires. Depuis 1963, la coopérative Coagrosarare s’occupe de la production agraire, incluant un abattoir dans cette région d’élevage, et des dizaines de magasins communautaires distribuant la production. À Saravena, ville de 50 000 habitant.es, les…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Blandine Juchs