La liste des membres du collectif d’enseignants de l’Enseignement agricole public signataires de cette tribune est à la fin du texte.
Nous sommes un collectif d’enseignants de l’Enseignement agricole public. Au cours de la période de confinement liée à l’épidémie de Covid-19, nous avons dû essayer tant bien que mal d’assurer une continuité pédagogique à distance par le recours aux outils numériques. L’usage de ces derniers a ainsi été promu à grande échelle, certainement avec la vocation d’être poursuivi et amplifié.
Comme beaucoup, nous avons pu éprouver les limites de cette solution : son accès technodépendant socialement et économiquement inégalitaire, sa consommation d’énergie, sa menace pour la vie privée et les données personnelles, sa contention statique du corps, son inconfort visuel et même douloureux, sa dimension virtuelle et théorique, son caractère antinaturel, entre autres.
Cette orientation abstraite de l’école ne nous convainc pas, ne correspond pas à un projet pédagogique que nous souhaitons tout au contraire incarné dans des situations d’apprentissage au moyen d’un corps humain impliqué, engagé, partie prenante, moteur et vecteur premier de sensations et d’émotions parcourues, charnellement vécues.
Nous nous interrogeons et nous inquiétons sur l’évolution de notre métier d’enseignant à l’avenir, sur ce qu’il deviendra demain dans cette école numérique et connectée, qui semble devenir dorénavant le standard exclusif, la norme définitive. Nous éprouvons un manque cruel de réel, de concret, de sensible. De nature.
L’énergie du désir irrépressible d’ouverture sur le « monde en vrai » nous meut ensemble spontanément
L’environnement est l’habitat…