Lahage (Haute-Garonne), reportage
Brisant le doux murmure de la campagne, un minibus apparaît dans la cour de l’école. Bras ballants, Axel remercie le conducteur et saute du fourgon. Les yeux encore mi-clos, il étouffe un bâillement, attrape une cigarette au fond de sa sacoche fluorescente et rejoint ses camarades : « Bien ou quoi, les gars ? » Posée sur la branche d’un sapin, une sittelle chante à tue-tête, bientôt rejointe par un petit moineau.
Perdue dans un village de deux cents habitants, à la frontière entre le Gers et la Haute-Garonne, s’élève une bâtisse aux apparences de ferme : c’est l’école de la transition écologique. Inaugurée en 2017, elle forme notamment des jeunes, déscolarisés ou sans emploi, aux métiers « verts » de demain. « Au début, on faisait de l’éducation à l’environnement dans les quartiers populaires de Toulouse, dit Mathilde Loisil, la codirectrice. Mais parler d’écologie à des petits qui passent leur vie entourés de béton, ça ne fonctionne pas. Alors, on s’est expatrié à la campagne et on a créé ce tiers-lieu. »
Neuf lointains tintements résonnent dans le clocher de l’église. Il est l’heure de s’échauffer. La joyeuse cohorte se disperse pour former un large cercle et s’attèle à quelques exercices physiques pour réveiller les corps engourdis par le froid. Responsable de la cantine, Mila Ibri en profite pour interroger les jeunes : « J’aurais besoin d’aide en cuisine. L’un de vous est disponible aujourd’hui ? » Bien plus éveillé qu’à son arrivée, Axel lève aussitôt la main, droit vers le ciel. « Je viens avec toi ! » Un enthousiasme bien vite réprimé par son encadrant principal, Anthony Coutanceau : « Suis-moi, on va discuter tous les deux. »
Homme longiligne à la crinière frisée encerclée par un bandeau rouge, Anthony Coutanceau a le look du basketteur des années 1990 qu’il était adolescent. À 34 ans, ce menuisier de formation encadre les dénommés « déclics ». Quatre mineurs au passif lourd, à qui il apprend à construire des meubles, travailler la terre ou encore s’occuper des animaux de la ferme. Au-delà de cet enseignement, il s’efforce d’épauler ces adolescents abandonnés par le système : « Il faut être très attentif à leur moral. Ils ont été mis de côté par une société qui ne collait pas à leur personnalité. Alors, j’essaie de les valoriser, de leur prouver que ce ne sont pas des bons à rien. » Aujourd’hui, seul Axel est venu. Après lui avoir donné…
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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre