À l'extrême droite, l'« écologie politique conçoit les groupes ethniques comme des espèces animales »

Basta!  : Dans votre dernier livre, Les vert-bruns, l’écologie de l’extrême droite française, vous mettez en lumière l’intérêt de l’extrême droite française contemporaine, depuis la Nouvelle Droite, pour une certaine forme d’écologie. De quelle écologie s’agit-il ?

Stéphane François : Il existe deux conceptions de l’écologie au sein de l’extrême droite française. D’abord une écologie que je qualifierai de profonde, portée par les plus radicaux, incarnée dans la Nouvelle Droite. Initialement marquée, au début des années 1970, par le prométhéisme indo-européen, selon lequel l’« Européen », l’« homme blanc », est une race créatrice de civilisation et de technique. Cette conception connaîtra un total renversement à la fin des années 1970 et au début de la décennie suivante, sous l’influence des thèses du philosophe allemand Martin Heidegger. Une vision néopaïenne du monde, qui veut que l’homme co-appartienne au « Cosmos » au même titre que la « Nature », sera adoptée depuis. L’aspect prométhéen d’une humanité au-dessus de la Nature qu’elle pourrait asservir disparaît.

Stéphane François

©DR

Ensuite, il y a l’écologie superficielle, défendue par une autre partie de l’extrême droite, j’entends le Front national (FN) puis le Rassemblement national (RN), pour lequel la question de l’écologie n’a jamais été mise en avant, y compris aujourd’hui. D’ailleurs, le programme de Marine Le Pen lors de la dernière présidentielle contient des réponses d’ordre technique aux problématiques écologiques, soumises à une approche technoscientifique du monde.

Nous retrouvons le même discours chez Éric Zemmour, qui n’a quasiment rien développé sur l’écologie. Même si une ambiguïté est à signaler dans son cas, dans la mesure où il est entouré par des identitaires, mais ne reprend pas leur discours régionaliste, localiste ou radical sur le plan écologique.

Cet attrait de l’extrême droite a-t-il des racines plus anciennes ?

Oui. Pour le cas des radicaux, qui va de la Nouvelle Droite aux identitaires, en passant par les néonazis, leurs références sont explicitement à chercher dans l’Allemagne des années 1920, plus précisément dans ce qu’on appelle la Révolution conservatrice allemande.

Dès cette époque, l’extrême droite développe un discours à la fois de libération des peuples et technosceptique. Par exemple, Otto et Gregor Strasser, membres d’une aile du parti nazi, vont élaborer dans les années…

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Auteur: Samir Tazaïrt