À Lille, les immeubles souffrent de la sécheresse

Lille, reportage

De ses fenêtres du quatrième étage de la rue Pierre Mauroy à Lille, Camille voit la ligne de crête des maisons en face coupée net. Voilà deux semaines que ce professeur en lycée assiste, en contrebas, au défilé d’ouvriers et experts en tenues fluo. Ils déchiffrent les ruines laissées par la chute de deux maisons.

Le soir du 12 novembre, un étudiant rentrant chez lui vers 3 heures du matin avait donné l’alerte aux services de secours : le mur de son immeuble était « gondolé » a précisé l’étudiant à France Bleu. Les pompiers et la police municipale sont intervenus sans attendre pour évacuer les résidents. Sa vigilance a permis de sauver de nombreuses vies puisque les bâtiments se sont écroulés le lendemain matin à 9 h 15. L’accident aura néanmoins fait une victime, un psychiatre de 45 ans.

Deux semaines plus tard, d’autres maisons ont été évacuées dans le quartier historique du vieux-Lille. Le 26 novembre — rue Lepelletier — seize habitants de trois immeubles ont été mis à l’abri. Pour comprendre les causes de l’effondrement, le parquet de Lille a ouvert une enquête pour « mise en danger de la vie d’autrui »

 

Jean-Yves Méreau est président de l’association Renaissance du Lille ancien. Il s’y engage dès sa création en 1964. Il s’agissait alors de contrer le projet de destruction du quartier Saint-Sauveur. Au fil des années, le journaliste spécialisé dans la construction et l’urbanisme acquiert une expertise sur le centre-ville. La fragilisation des bâtisses lilloises n’est pas un phénomène nouveau pour lui.

 

 

L’association pointe du doigt l’abattage des murs porteurs intérieurs. « C’est un phénomène que l’on constate à Lille, mais aussi à Paris ou Bruxelles… Il y a des chaînes commerçantes avec des décorations standardisées qui décident de faire abattre les murs intérieurs pour avoir de grands espaces ouverts », explique le défenseur du patrimoine. Les modifications nécessitent alors l’installation de poutres qui répartissent différemment le poids du bâtiment : « Si le sol bouge, si les fondations se fragilisent alors toute la structure au-dessus s’en trouve menacée » résume-t-il.

 

Une ville construite sur un fleuve

 

S’ajoute une caractéristique propre à la situation géographique de la capitale des Flandres : « La ville était traversée par une rivière et le centre-ville était marécageux, rappelle-t-il. Comme Amsterdam où Venise, Lille a été construite sur des pieux en…

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Auteur: Reporterre