À l'ombre du rêve américain

À l’ombre du rêve américain est le deuxième volume publié à la collection Enquêtes sauvages des éditions D’une Certaine Gaieté. Le présent document reprend une version légèrement remaniée de la préface (à des fins de lisibilité) et est suivi d’un bref extrait du livre, des « bonnes feuilles ».

Post-scriptum au rêve américain

François Thoreau

Denses les ombres

Quelque part dans la métropole, des foules furtives se frayent toutes sortes de chemins, à l’ombre d’immenses structures en acier et d’écrans à cristaux liquides. On distingue un vendeur de hotdogs à la sauvette, des devantures de t-shirts et de cartes postales. Quelques plantes, dans de grands pots, tiennent lieu de mobilier urbain. Elles ont atterri là de façon presque incongrue ; on dirait la décoration d’un appartement témoin. Sauf que nous sommes sur Times Square, la place publique où les existences se faufilent au ras des murs, sous les lumières aveuglantes des enseignes publicitaires.

Les lumières les plus fortes provoquent l’opacité la plus dense. Si les lumières de Times Square nous éblouissent encore, elles sont bien les dernières. Le rêve américain est devenu terne. Il a pourtant été, pendant longtemps, un phare dans les ténèbres, une lueur qui attirait de loin, faisait quitter mères et foyers, traverser les océans en bateaux et permettait de tout recommencer à zéro. C’était l’horizon de tous les possibles.

Or, les possibles ont du plomb dans l’aile. Depuis les crises du pétrole des années ‘70 et les guerres qui s’en sont suivies, le rêve américain a subi une dévaluation massive. Jadis, tout quitter pour se rendre vers le « Nouveau Monde » a pu constituer une source inépuisable d’espoirs, de promesses d’une vie meilleure, plus désirable, une prairie à l’herbe plus verte, loin de la violence et de la dureté de l’Europe pré-industrielle et industrielle. Aujourd’hui, le cours de l’utopie…

Auteur: lundimatin
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