À Lützerath, la bataille épique contre le charbon

Lützerath (Allemagne), reportage

Des milliers d’activistes et de policiers se sont affrontés aux abords de Lützerath samedi 14 janvier dans une immense bataille de boue. Cette ultime tentative de reprendre la zad avant sa destruction totale au profit de l’agrandissement d’une mine de charbon découlait d‘une manifestation en soutien, qui s‘était élancée à midi avec à sa tête notamment Greta Thunberg.

Réunissant entre 15 000 personnes (selon la police) et 35 000 personnes (selon les organisateurs), le cortège arrivait aux abords du hameau, encerclé par des barrières, canons à eau et 8 000 policiers, quand des milliers de manifestants ont convergé vers les forces de police.

Enfonçant leurs lignes, ils et elles ont réussi à s’approcher des barrières de chantier au prix d’affrontements épiques. Feux d’artifices, fumigènes, jets de boue contre matraques, gaz poivré et canons à eau : les deux côtés ont sorti tous les moyens à leur disposition pour gagner du terrain.

Dans un no man’s land de boue d’un kilomètre de longueur, les corps s’entrechoquaient avec rage, entre les cris de la police et les chants des activistes.

« La police fait preuve d’une grande brutalité : ils ont frappé ma mère d’un coup de poing dans le nez, avant d’attaquer les ambulanciers qui la soignaient », témoigne Clara, une activiste venue avec sa famille.

Couverte de boue, elle raconte avoir été poussée par la police, « tout ça pour protéger les profits de RWE », l’entreprise minière qui veut détruire Lützerath pour agrandir la mine de charbon de Garzweiler 2.

À l’issue de plusieurs heures de flux et reflux aux abords du gouffre béant noir de 48 km², les activistes ont été refoulés par la police. Dans un communiqué de presse publié dimanche, celle-ci annonçait 70 blessés dans ses rangs (dont une partie due à des chutes dans la boue) ainsi que 150 interpellations depuis le début des opérations.

Les « street-medics » ont annoncé plusieurs dizaines, voire plus d’une centaine de blessés du côté des manifestants, dont certains gravement.

Annoncée depuis longtemps, l’éviction a commencé dès le 2 janvier aux abords du village. Des centaines d’activistes y vivaient depuis deux ans et demi dans des bâtiments de ferme squattés, des cabanes dans les arbres, et des huttes bâties avec soin.

Mercredi dernier, tout s’est accéléré quand des milliers de policiers ont donné l’assaut et pris la zad en quelques heures grâce à leur supériorité numérique.

Les chaînes humaines, barricades et tranchées des zadistes exerçant la désobéissance civile ont été démantelées au cours de la journée.

En même temps, les forces spéciales d’escalade de la police…

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Auteur: Reporterre