À Marseille, la démesure des data centers

Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage

« Quoi ?! Il y a des milliers de données stockées dans ce vieux bâtiment ?! » Ce chauffeur de bus marseillais n’en revient pas mais tous les jours, et ce depuis des années, il passe juste à côté d’une ancienne base allemande de sous-marins reconvertie en data center.

De l’extérieur, cet édifice de la Seconde guerre mondiale niché dans le port de Marseille ressemble à un immense hangar en béton marron. Nommé MRS3, il est le troisième centre de données implanté par la société Digital Realty France, à Marseille. La société en compte désormais quatre. Peu connue du grand public, cette activité ancrée dans la ville phocéenne la positionne pourtant à la septième place à l’échelle mondiale des hubs numériques. Elle devrait même se hisser dans le top cinq d’ici l’année prochaine.

À l’intérieur de cette base, d’immenses couloirs sans âme desservent des dizaines de salles fermées par de larges portes sécurisées, parfois gardées par un vigile dépêché par les clients soucieux de renforcer la sécurité de leur matériel. Derrière ces portes, des milliers de baies informatiques enfermées dans des cubes chargés de conserver une température comprise entre 25 et 27 °C.

En tout, 7 100 m² de matériel informatique, à peu près la taille du stade Vélodrome, sont stockés dans cet édifice, où résonne un bourdonnement permanent. Des clients internationaux comme Microsoft, Amazon, Google, et Facebook y côtoient des locaux, tels que le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm).

Ce « bâtiment ovni », Fabrice Coquio, président de Digital Realty France, en est très fier. « Le business model de ces data centers permet d’absorber des coûts, notamment liés au désamiantage et à la dépollution, que la plupart des autres activités ne savent pas intégrer », explique-t-il depuis la terrasse du MRS3, avec vue sur la mer. « La destruction de ce bâtiment était estimée à 26 millions d’euros mais nous en avons investi 140 pour le retransformer », se prévaut-il.

Chaque baie informatique est louée 1 000 euros par mois et par client. Avec une capacité de 3 000 baies, MRS3 permet de générer près de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. « Nous offrons un niveau de redondance extrême à nos clients avec ce qu’on appelle les “cinq neuf”, c’est-à-dire 99,99999 % du temps de disponibilité électrique », explique Fabrice Coquio. Ce matin de novembre, Digital Realty a…

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Auteur: Reporterre