À Marseille, l'usine a fermé, la pollution reste

C’est un poison discret distillé un peu partout en France : les sols pollués. De la simple station-service à l’imposante usine chimique en passant par les mines, ces sites ont souvent été fermés sans précaution ni dépollution. Notre riche passé industriel a laissé des traces toxiques bien difficiles à traiter aujourd’hui. Reporterre vous le raconte en trois volets : voici le premier.


Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage

Ici, tout a des allures de carte postale. Des maisonnettes aux façades claires descendent en cascade vers la mer. Le petit port de pêche donne son nom au lieu : on y utilisait la technique de la madrague pour piéger les thons. En arrière-plan, des chemins s’échappent dans les collines à la rase végétation méditerranéenne, invitant les promeneurs à s’enfoncer dans le parc national des Calanques. Aux confins de Marseille, la Madrague de Montredon a gardé ses allures de village. Mais la haute cheminée de briques de l’usine rappelle au quartier son passé industriel.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

La carte postale se déchire : « Les routes sont fondées sur les déchets des usines, et au-dessus de la plage, c’est une décharge industrielle qui pollue la mer », décrit Rolland Dadena, président de l’association Santé Littoral sud (ASLS). Ce monticule, situé entre l’usine et la mer, est ici appelé « le crassier ». Il a été alimenté deux siècles durant par les nombreuses usines du secteur. Plomb, cuivre, zinc et arsenic y ont été mesurés à des quantités oscillant entre légèrement supérieur à la normale, et très supérieures à celle-ci. Le plomb peut provoquer du saturnisme, c’est-à-dire des retards de développement chez l’enfant. L’arsenic est un cancérigène avéré.

L’entrée de l’ancienne usine. © Marie Astier/Reporterre

Ces remblais toxiques ont été éparpillés dans tout le quartier. « Les gens s’en servaient dans les jardins. Ici, les trois quarts en ont utilisé, j’en ai chez moi », raconte le président associatif. « J’ai arrêté de cultiver les légumes, comme beaucoup de gens dans le quartier. »

L’usine de la Madrague, dite usine Legré-Mante, a été la dernière de la zone à fermer, dans la douleur, en 2009. La concurrence chinoise a mené l’affaire à sa perte, paraît-il. Derrière les portes closes, les slogans des ouvriers en grève sont encore visibles sur les larges façades des bâtiments vides. De pierres et de briques, percés de grandes arcades pour les ouvertures, ils semblent avoir à peine…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre